STAN GETZ JOÃO GILBERTO – GETZ/GILBERTO

Artiste : Stan Getz João Gilberto
Album : Getz/Gilberto
Label : Verve
Lien : www.youtube.com/watch?v=c5QfXjsoNe4
Style : Jazz, Musique du Monde

Le milieu audiophile est peuplé de nombreux amateurs de jazz qui connaissent sûrement parfaitement ce disque. Ces quelques lignes ne leur sont pas directement destinées car elles ne leur apprendront rien, elles s’adressent plutôt à ceux qui ont bien jeté une oreille curieuse sur ce style de musique mais cette expérience leur a confirmé que cette musique ne leur était pas destinée. Le jazz au cours de son évolution a dérivé vers de bien nombreux sous genre mais surtout a su se mélanger et intégrer d’autres styles au point qu’il est parfois difficile de les démêler. Ces expériences on quelques fois donné naissance à des disques qui sont toujours des références incontournables et qui sont souvent de magnifiques portes d’entrée dans le monde foisonnant mais parfois trop académique du jazz. C’est bien sûr le cas de cet album.

Stan Getz commence sa carrière au début des années 40 alors qu’il n’a que quinze ans, il deviendra un des saxophonistes de jazz les plus important. Son style cool, plein de légèreté et de sensibilité et son jeu à la sonorité reconnaissable lui vaudront le surnom de « the sound ». Bien que bénéficiant d’une énorme notoriété, à l’orée des années 60 il n’a plus rien à prouver et surtout plus personne n’attend rien de lui. C’est donc à point nommé que le guitariste Charlie Byrd, de retour d’une tournée diplomatique en Amérique du Sud, lui fait découvrir des disques du guitariste João Gilberto et du pianiste Antonio Carlos Jobim, entre autres. Il décide sur-le-champ de rajouter les influences de la samba et de la bossa nova à sa musique. C’est chose faite avec les disques Jazz SambaBig Band Bossa Nova et Jazz Samba Encore ! qui rencontrent un vif succès. Cédant à la fois à son désir et à la houlette du producteur Creed Taylor il rencontre enfin João Gilberto et Antonio Carlos Jobim, qui sont tout simplement les créateurs de la bossa nova et ont eu beaucoup de succès au Brésil sans passer le sfrontières de leur pays, pour un enregistrement studio.

Sortit en 1964 le disque comprend des compositions d’Antonio Carlos Jobim et des samba anciennes. Il a un succès de très grande envergure à l’époque et son influence est difficilement mesurable. Hors du brésil il est considéré comme le modèle du style bossa nova. Ce retentissement est partiellement dû aux morceaux édités en single et largement radio-diffusés. Quiet Nights of Quiet Stars, adaptation de Corcovado mais surtout The Girl from Ipanema, adaptation de Garota da Ipanema avec Astrud Gilberto, l’épouse du guitariste qui n’a alors aucune expérience musicale professionnelle, au chant pour les parties anglaise et dont le timbre renforce la séduction qu’opère cette chanson à la mélodie plus qu’iconique. Le reste des titres n’a pas à rougir face à ces standards, ils gardent ce rythme chaloupé tout en étant suspendus dans une nonchalance qui colle à l’imaginaire que l’on peut avoir d’un Brésil fantasmagorique.           

Label Verve oblige, le son aussi peut être assimilé aux standards que l’on retrouve dans les meilleurs enregistrements. Beauté des timbres, lisibilité des mélodies, tout est évident. De plus, sur la version expanded édition, accessible sur les sites de streaming comme en support physique, on retrouve la version stéréo, la version mono et les versions single des deux titres sortit sous ce format en 1964. Sur la version stéréo on note aisément la différence de positionnement des instruments avec une scène sonore qui est bien plus latéralisée que ce qui peut se rencontrer sur les productions plus actuelles, sans que cela soit choquant pour autant. Sur la version mono, cet effet disparaît évidement et l’on peut se concentrer sur les bruits de bouche tout juste perceptibles et le souffle dans le saxophone. Dans un même disque un classique du jazz et de la bossa nova, à même de satisfaire les amateurs de styles différents.