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ACCUPHASE E-5000 vs E-800

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À la suite de notre article sur le nouvel amplificateur Accuphase E-4000 (VUmètre n°46), certains nous ont demandé pourquoi choisir un amplificateur de cette gamme en classe A/B, quand la célèbre marque japonaise possède à son catalogue le E-650, en pure classe A. Alors nous est venue l’idée de réaliser un comparatif à notre connaissance introuvable dans un autre magazine actuellement, entre les deux plus gros amplificateurs intégrés du fabricant, le E-5000, d’une puissance de 240 W sous 8 ohms en classe A/B, et le E-800, capable d’atteindre 50 W sous 8 ohms en classe A.

Encore non chroniqués dans notre magazine, le E-5000 et le E-800 sont deux intégrés de très haut niveau, instantanément identifiables par leur couleur champagne, leurs vumètres et, par rapport aux autres modèles Accuphase, par leur hauteur. Plus volumineux des deux modèles, le E-800 a été présenté fin 2019 et mesure 23,9 cm de haut, ce qui le rend légèrement moins bien proportionné que les plus petits E-650 ou E-4000, mais lui donne un caractère massif apte à prévenir de son impressionnante puissance.

Avec 28 mm de moins, le E-5000 (21,1 cm de hauteur) a l’air plus classieux, d’autant que comme tous les classe A/B de l’entreprise de Yokohama, il possède deux beaux vumètres analogiques à aiguilles, là où ceux des amplis classe A sont numériques à LED.

Amplification de puissance classe A versus classe A/B

À l’ouverture du capot, un Accuphase reste un Accuphase et difficile au premier abord de dire pourquoi l’un est en classe A et l’autre en classe A/B. Apparu en 2022 parmi les produits destinés à fêter les 50 ans de la marque créée par les frères Naikachi et Jiro Kasuga, le E-5000 bénéficie des mêmes éléments et de la même architecture que le E-800, à quelques détails près. Dans les deux cas, un énorme transformateur thorique vient se placer au centre de l’appareil, juste derrière deux massifs condensateurs de filtrage, fermement visés entre eux par une plaque de cuivre. D’une capacitance de 60 000 μF chacun sur le E-800, les condensateurs n’offrent plus qu’une capacité de filtrage de 40 000 μF sur le E-5000, tandis que l’un comme l’autre bénéficient d’un travail majeur sur le facteur d’amortissement, passé à 1000 sur les deux modèles.

Autour viennent s’incorporer à gauche et à droite deux larges dissipateurs thermiques sur lesquels sont placés les circuits de puissance, avec ici toute la différence entre les deux appareils. Au nombre de quatre sur l’E-4000, les transistors push-pull bipolaire de 15 A reviennent à cinq en parallèle de chaque côté sur l’E-5000, sur des cartes directement dérivées de l’ampli de puissance P-7300. Ces transistors sont pilotés en classe A/B pour développer 240 W sous 8 ohms et 320 W sous 4 ohms, des données phénoménales quand on sait que la plupart des amplificateurs stéréo avoisinent les 50 ou 80 W. Sur l’E-800, on retrouve au contraire la structure en classe A du A-48, avec cette fois une structure définie par six transistors push-pull MOS-FET en parallèle de 33 A chacun. Alors, la puissance développée n’est plus diluée entre classe A et B, mais seulement délivrée en classe A pour atteindre les valeurs de 50 W sous 8 ohms et 100 W sous 4 ohms, valeurs moins impressionnantes mais en réalité tout aussi énormes.

Préamplification et gestion de volume symétrique AAVA

Sur la partie préamplification, les deux appareils bénéficient des meilleures avancées de la marque, déjà décrites récemment avec le E-4000. On retrouve alors le très connu système de gestion du volume AAVA dans sa version symétrique, encore plus avancé sur le E-5000 que sur le E-800 car il a bénéficié des améliorations trouvées par les ingénieurs entre 2019 et 2021. Dans les deux cas purement séparé entre les canaux gauche et droit, le circuit Accuphase Analog Vari-gain Amplifier permet d’éliminer la solution des relais et résistances variables dans le chemin du signal. Ce circuit est intégré à une plaque de PCB plaquée or, avec un enchaînement de convertisseurs courant-tension puis tension-courant, et auparavant un amplificateur d’entrée avec retour de courant. La molette du volume est gérée grâce à un moteur à courant continu en cas d’utilisation de la télécommande, fermement disposée sur une grosse plaque d’aluminium réalisée à partir d’une machine CNC.

À nouveau légèrement retouchée récemment, la télécommande la plus récente est celle du E-5000, la RC-250, quand l’E-800 doit se contenter de la RC-240, mais les différences sont minimes et si vous possédez déjà un appareil Accuphase de moins de 2 ans, vous pouvez être sûr que toutes les télécommandes vous permettront de gérer tous les produits de votre système.

Concernant les entrées et sorties, tout comme les ajustements sonores disponibles, tout reste identique ou presque à tous les intégrés de la marque, ce qui permet de varier la balance, les aigus, les graves, ou encore de choisir entre une et deux paires d’enceintes, voire de bi-câbler les enceintes si celles-ci le permettent, au profit de la ductilité de l’amplificateur comme de la structure du message renvoyé par les haut-parleurs.

À l’arrière, on retrouve dans les deux cas les deux slots de cartes, avec la possibilité d’intégrer la carte de conversion numérique-analogique DAC-60 ou la toute nouvelle carte phono AC-60, présentée fin mai en même temps que le nouveau préamplificateur C-2300. Cinq entrées RCA permettent de relier toutes les sources que l’on souhaite, même s’il est conseillé sur ces appareils symétriques de privilégier les entrées XLR, au nombre de deux paires sur le E-5000, et trois sur le E-800 ; toutes les entrées sont sélectionnables par la molette de gauche en façade.

L’installation

Une poignée de magasins en France possèdent à la fois le E-5000 et le E-800, mais pour réaliser notre écoute comparative des plus beaux intégrés d’Accuphase, il semblait évident d’aller chez le revendeur historique de la marque, Music Hall, qui possède la plus large gamme de produits du fabricant. Par ailleurs, c’est ici aussi, en plein centre de Paris, que nous avons pu rencontrer une semaine auparavant toute la direction de l’entreprise japonaise, dont sont actuel président, Jim S. Saito.

Pour fiabiliser au maximum la qualité de la source, nous avons choisi le meilleur avec le couple Accuphase transport SACD-DAC DP-1000 & DC-1000, puis pour la musique dématérialisée l’Aurender N30SA. Pour autant, la vraie différence s’est faite avec les enceintes, car les résultats n’ont pas du tout été les mêmes sur les Sonus Faber Olympica Nova III qu’ensuite avec les Wilson Audio Sabrina X, certes deux fois plus chères, mais aussi bien plus à même de mettre en valeur toutes les composantes sonores des deux amplificateurs, sans qu’aucun des deux ne soit jamais pris en défaut sur sa puissance.

Le son

Reliés d’abord aux enceintes Sonus Faber Olympica Nova III (13 000 €) d’une gamme de prix similaire aux amplificateurs, les E-5000 et E-800 expriment en quelques secondes tout leur caractère, avec pour chacun une énorme puissance très bien contenue et une fluidité aussi impressionnante sur le classe AB que sur le classe A. Avec le E-5000 le son est un peu moins rond, mais le fait qu’il soit le dernier sorti et en classe AB lui assure un recul des bruits encore supérieur à celui du classe A, pour une scène sonore extrêmement noire, qui libère particulièrement les enceintes et détoure les sons à des niveaux superbes. On pourra préférer un effet de chaleur supérieur sur le E-800, mais côté précision le E-5000 l’emporte (à la marge tant les deux appareils sont bons), avec des détails qui profitent particulièrement du surplus de netteté pour compenser une certaine liberté des enceintes. Sur une musique plus complexe comme le Requiem de Mozart (Bernstein, DG) ou sur de l’électro comme « Play my Tune » de Lombard Street, la surpuissance des attaques favorise le E-5000, même si la largeur de la scène sonore est encore plus remarquable avec le E-800 (pour rappel, de 1 500 € plus cher que son confrère).

Avec un lecteur réseau parmi les meilleurs du monde, utilisé le plus possible avec son disque dur interne, encore supérieur à une lecture Qobuz Hi Res, et surtout relié aux enceintes américaines Sabrina X de Wilson Audio (27 900 €), le tout branché au secteur sur le nouveau conditionneur Accuphase PS-1250, le résultat musical monte encore d’un cran. Et là, c’est clairement en faveur du E-800, car si notre (mauvaise) habitude d’écouter les meilleurs systèmes du monde nous fait rechercher les scènes les plus pures possibles (encore en faveur du E-5000 dans cette configuration), cette fois le E-800 amène véritablement plus loin en termes de réalisme, en plus d’être le plus parfait sur les timbres. Loin de démériter, le E-5000 montre une souplesse rare pour un classe AB, très à l’aise avec ses 320 W par canal sous 4 ohms, mais il reste un peu plus tendu que le E-800.

Face à l’excellent équilibre spectral des Wilson Audio, la qualité des détails promulgués par les amplificateurs Accuphase ne laisse jamais rien déborder, et on retrouve un détourage des voix comme de la plupart des éléments réellement splendide. En profondeur, le E-5000 emmène loin, mais le E-800 et ses 100 W en classe A sous 4 ohms gagne encore en volume et en aération, pour une scène qui prend de l’ampleur, à nous téléporter dans la Jesus-Christus Kirsche avec Karajan pour la 9e Symphonie de Beethoven (1962, DG), ou devant Nicola Benedetti pour le Concerto in D de Wynton Marsalis (2019, Decca), entendu plus finement sur ce système hi-fi qu’en live la veille à la Philharmonie de Paris !

Notre conclusion

Meilleurs amplificateurs intégrés d’Accuphase à ce niveau de hi-fi, les E-800 et E-5000 conduisent à des sommets sonores aujourd’hui seulement surpassables par des couples séparés amplificateurs-préamplificateurs très haut de gamme. D’une puissance d’attaque et d’une finesse de détails et de pureté très impressionnants, le E-5000 peut compenser tous les défauts ou accentuations de nombreuses sources et enceintes de sa gamme. Il a aussi pour avantage de consommer et de chauffer moins, vraie qualité avec les contraintes écologiques et les étés que nous vivons maintenant chaque année. Encore plus net sur le recul des bruits, il convainc parfaitement dans sa gamme et saura combler un grand nombre d’auditeurs, surtout pour ceux qui recherchent avant tout la précision.

Encore plus vivant et plus rond, le E-800 sait faire parler la classe A et sa puissance de 50 W ou 100 W pour créer encore plus de chatoyance et de clarté sur les timbres. D’un niveau de prix un peu supérieur, il sait aussi se montrer encore plus performant lorsqu’on le couple avec des éléments de gamme deux fois supérieurs, tant pour les sources que pour les enceintes. Alors, si vous êtes prêt à débourser cette somme conséquente dans l’optique de pouvoir garder ces appareils plusieurs décennies, tant il y a peu de risque qu’ils deviennent obsolètes avant de nombreuses années, la comparaison s’impose ! Mais si vous souhaitez acheter les yeux fermés, alors le E-800 se montre le plus fédérateur des deux.

FICHE TECHNIQUE : ACCUPHASE E-5000

  • Origine : Japon
  • Prix :13 490 €
  • Dimensions : 465 x 211 x 502 mm
  • Poids : 33,8 kg
  • Type d’amplification : amplificateur de classe A/B
  • Puissance nominale :
    • 2 x 240 W sous 8 ohms
    • 2 x 320 W sous 4 ohms
  • Distorsion harmonique (THD) : 0,05 %
  • Réponse en fréquence : 20 Hz à 20 kHz (+/-0,5 dB)
  • Rapport signal/bruit (S/N) : 104 dB
  • Connexions analogiques :
    • Entrées : 5 x RCA ; 2 x XLR ; 1 x RCA Main In ; 1 x XLR Main In ; 2 x slots (option)

FICHE TECHNIQUE : ACCUPHASE E-800

  • Origine : Japon
  • Prix :14 990 €
  • Dimensions : 465 x 239 x 502 mm
  • Poids : 36 kg
  • Type d’amplification : amplificateur de classe A
  • Puissance nominale :
    • 2 x 50 W sous 8 ohms
    • 2 x 100 W sous 4 ohms
  • Distorsion harmonique (THD) : 0,05 %
  • Réponse en fréquence : 20 Hz à 20 kHz (+/-0,5 dB)
  • Rapport signal/bruit (S/N) : 104 dB
  • Connexions analogiques :
    • Entrées : 5 x RCA ; 3 x XLR ; 1 x RCA Main In ; 1 x XLR Main In ; 2 x slots (option)

Paru dans VUMETRE n° 48

VUMETRE N°48

7,00 10,00  TTC

Juillet – août 2023 Version papier : 10 € (frais de port inclus) / Version digitale : 7 € Outre le plaisir de découvrir les nouveautés liées à votre passion et l’activité de l’industrie audio, nous vous proposons deux formats :

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