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WAVAC PR-Z1 et TA-805m

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Créée en 1995, la marque Wavac reste relativement discrète en Europe du fait de son positionnement de niche : celui des produits à tubes de très haute-fidélité. De son catalogue relativement fourni d’amplificateurs et de préamplificateurs, nous tirons aujourd’hui la paire de monoblocs de puissance TA-805m, associée au préamplificateur PR-Z1, un couple aussi incroyable par sa précision musicale que par une dynamique hors du commun.

Dirigée depuis 2016 par Yasunori Matsuki, l’entreprise nippone basée à Yonezawa dans la préfecture de Yamagata, à quelques kilomètres de Fukushima, fabrique confidentiellement chaque mois quelques amplificateurs et préamplificateurs parmi les meilleurs au monde.

TA-805m : duo de monoblocs pour fêter l’achat de Tango

Ouvert avec la paire de blocs de puissance MD-805m, d’un tarif de 16 800 €, le catalogue du constructeur s’est étoffé en 2019 d’une version améliorée, nommée TA-805m, au prix de 25 800 €. Nés du rachat par Wavac de l’entreprise de transfos Tango, les nouveaux blocs profitent d’une revue du schéma de montage pour intégrer deux volumineux transformateurs de la marque, qui imposent au passage de retoucher les deux tubes autour de celui de sortie. Pour commencer par ce tube maître, il s’agit, comme le nom du modèle l’indique, d’un tube à chaleur directe à triode 805, référence très puissante en mesure de développer 50 W par canal en classe A. Pour les deux autres, plutôt que les 6Y6GT et 12AX7 du MD-805m, le TA-805m implémente une tétrode KT88 du Russe Gold Lion sur son circuit inter-étage propriétaire, ainsi qu’un petit 12AT7. Le couplage direct ou par transformateur élimine quasi totalement les condensateurs sur le chemin du signal, avec pour résultat d’éviter toute interférence de passage. Les bruits sont encore minimisés par un filtre d’entrée secteur puis un filtre multi-élément ainsi qu’une alimentation à filament à couplage direct.

D’apparence, le TA-805m laisse au premier plan ses lampes, intégrées à un châssis doté d’une plaque supérieure en aluminium de 10 mm de couleur champagne. Une vitre les protège autour, recouvrable d’une grille si on souhaite empêcher aussi de pouvoir y accéder par le dessus, et éviter de se brûler au contact des tubes lorsqu’ils sont bien chauds. Derrière apparaît un petit cube métallique puis les deux imposants transformateurs Tango, qui expliquent en partie le poids de 28 kg par bloc. Sur leurs quatre pieds, chaque partie du TA-805m présente des possibilités d’utilisation réduites à leur plus simple expression : celle de pur amplificateur de puissance pour enceintes. On trouve donc en façade un gros bouton Power, une molette triangulaire d’adaptation du gain, et à l’arrière une prise secteur, une unique entrée RCA et trois borniers d’enceintes, celui négatif et un bornier positif à 4 ohms, l’autre sur 8 ohms.

PR-Z1 : Préamplificateur ultime

Solidement protégé dans un châssis en aluminium aux plaques de côté de 10 mm et à la façade encore plus large, le Wavac PR-Z1 vient d’une réflexion portée sur le PR-T1 pour offrir un préamplificateur un peu moins extrême, bien que presque aussi parfait. Principale différence avec le PR-T1, le PR-Z1 n’est plus en trois, mais en deux châssis, car s’il garde le transformateur TR-B1 séparé (maintenant dans sa version TR-B1z), il intègre directement l’alimentation dans son châssis primaire, quand le plus gros modèle la déporte avec un boîtier PS-X2(T).

Lui aussi uniquement disponible de couleur champagne, comme si Wavac avait validé sans discussion les préceptes d’Accuphase, le PR-Z1 est le parfait compagnon des blocs TA-805m, d’une qualité de fabrication manuelle aussi poussée et aussi ultime. Fermement calé sur quatre pieds alu, il se démonte facilement en dévissant sa grille inférieure, pour laisser apparaître une structure aérée d’où les câbles n’hésitent pas à se montrer. Pure double-mono sur la partie préampli, l’architecture intègre deux cartes sur lesquelles sont enchâssées deux paires de tubes ECC-82 de JJ Electronic, protégés par des gaines, tandis que deux transformateurs dans des blocs métalliques sont dévolus aux entrées et sorties XLR. De l’autre côté de l’appareil, une carte d’alimentation fait la part belle à de gros condensateurs. À l’arrière, une prise centrale permet de relier l’amplificateur au transformateur séparé TR-B1z, puis deux paires de sorties servent à connecter les blocs de puissance, une par bornier RCA, l’autre par borne symétrique à trois broches. Les entrées offrent trois paires de RCA et deux XLR, en options transformables en cinq paires RCA, parfaitement séparées des côtés gauche et droit de l’appareil. Sur la face avant, un gros potentiomètre vient se placer à droite, tandis que trois molettes servent à gérer les balances et les entrées. En option à côté du gros bouton d’allumage, sous la LED verte, une petite diode peut venir s’ajouter pour permettre l’utilisation d’une télécommande, celle-ci réduite à sa plus simple expression : noire et rectangulaire avec seulement deux boutons.

L’installation

Relativement compact, le couple ampli-préampli Wavac TA-805m et PR-Z1 est un bijou d’orfèvre qui mérite une installation sur un meuble hi-fi haut de gamme, dans une salle ou un salon principalement dédié à la musique. En soi, il peut être utilisé facilement, mais le fait d’en profiter bien plus lorsque les tubes sont chauds, ajouté à la fragilité desdits tubes – à risque si on souhaite se passer de la grille pour recouvrir la vitre de verre –, fait de cet ensemble à plus de 40 000 euros un système à traiter avec délicatesse. Lorsqu’on investit dans ce type de produit, cela n’est pas pour l’intégrer à une pièce dans laquelle tout le monde passe, ni pour y brancher un écran vidéo, mais bien pour se retrouver face à un système de retranscription musicale ultime, avec la même approche que lorsqu’on entre dans une salle pour profiter d’un concert.

Pour notre écoute, nous n’avons pu récupérer les trois appareils auxquels s’ajoute le transfo du préamplificateur, alors nous les avons écoutés dans le seul endroit où les trouver à Paris : chez Concert Home. D’abord sur enceintes EgglestonWorks Kiva et TAD Evolution 1-TX, le préamplificateur presque neuf et donc pas encore parfaitement rodé a déjà fourni un son hors du commun. Mais pour bien valider ses caractéristiques, nous avons refait une écoute complémentaire deux semaines plus tard, cette fois sur Eggleston Works Emma Evo et sur ATC SCM100 PSLT.

À chaque fois, qu’on soit sur une source B.Audio ou qu’on reste sur un Auralic Altair G2.1 (très bon mais huit fois moins cher que le couple testé), les résultats ont montré le niveau ultime auquel le fabricant nippon pouvait nous amener.

Le son

Avec les amplis Engström (blocs Lars, cf. VUmètre n°42 ; ampli Arne cf. VUmètre n°46) et Jadis (ampli I300 cf. VUmètre n°45), nous avons remis récemment à l’honneur plusieurs appareils équipés de tubes 300B et rappelé la splendeur de la triode dans l’aération et la chaleur du son. Avec le Wavac TA-805m, on retrouve  sans conteste ces particularités, mais celles qui frappent avant tout, cette fois grâce au tube 805, sont d’abord la puissance et la dynamique ! À peine la première piste essayée, une référence de Diana Krall habituelle pour nos tests, la chanteuse est entrée en scène avec une sublime présence, un naturel incroyable, une tenue de note absolument parfaite. Alors, nous avons retrouvé tous les susurrements qu’il est possible d’entendre, mais encore plus fins et vivants qu’à notre connaissance.

Déjà, pour nous mettre les Kiva dans l’oreille, nous avions branché l’Accuphase E800, dont nous savons la beauté et la puissance contenue de ses 50 W par canal créés grâce à des transistors, avec un travail contre les bruits et les distorsions à des niveaux référents. Mais avec les Wavac, certes trois fois plus chers, l’impression immédiate d’avoir gagné sur toutes les composantes possibles éclate en quelques secondes. L’énorme dynamique de blocs, eux-aussi de 50 W par canal en pure classe A, déploie instantanément les musiques les plus vives, d’un « Get Lucky » de Daft Punk à un « Dies Irae » du Requiem de Verdi. À cela s’ajoute une scène sonore parfaitement juste, sans autre recherche que le réalisme, d’un placement parfait de tous les composants ou instruments, d’une largeur amplifiée avec les enceintes les plus en capacité de créer de la profondeur, ATC en tête. Jamais en difficulté par la puissance sur aucune des grosses colonnes associées, la paire de TA-805m développe grâce au préamplificateur PR-Z1 des timbres du plus juste réalisme, bourrés de nuances et de couleurs, d’une palette d’harmonique limitée tout simplement par nos propres capacités auditives. Les guitares et les basses sont jouées comme si nous étions juste à côté, supérieures au son disponible dans la plupart des salles de concert, ici enveloppant pour donner l’impression d’une image englobante, bien qu’elle provienne juste de deux points face à nous. La respiration des orchestres sur les grandes masses symphoniques permet une compréhension des silences à des niveaux ultimes, par exemple dans la 5e Symphonie de Chostakovitch par Mravinsky (Melodiya), ou dans la 4e de Sibelius par Kurt Sanderling (Berlin Classic). La musique hyper expressive profite d’une assise splendide, toujours présente pour procurer un épanouissement total. À peine pourra-t-on trouver des attaques presque trop franches, visiblement plus brutales que sur les modèles de la marque à triode 833, cependant d’une tension qui ne peut que marquer à chaque coup d’archet ou de timbale, en plus de parfaitement convenir aux musiques rap, R&B et électroniques.

Notre conclusion

La vie de testeur hi-fi permet beaucoup de belles découvertes, parfois à quelques centaines d’euros, parfois à plusieurs milliers. Mais quand on tombe dans l’ultime, malgré le caractère intouchable des produits pour une partie importante des passionnés de musique, il faut avouer qu’on reste fasciné par les capacités de reproduction auquel l’humain est arrivé. Ces impressions nous sont parvenues récemment avec les sources Linn ou CH Precision, ou encore avec les modèles précités dans cet article ; elles nous arrivent maintenant avec l’amplification Wavac, véritable découverte d’un manufacturier japonais aussi discret que merveilleux. Avec toutes les contraintes inhérentes aux tubes, dont en premier celle d’attendre la chauffe des appareils, les blocs monophoniques TA-805m et le préamplificateur associé PR-Z1 forment un couple impressionnant de réalisme et de perfection, qui fait comprendre pourquoi certains sont prêts à débourser le prix d’une belle voiture dans un système de haute-fidélité. Sublimes tant par leur chaleur que par leur dynamique et la pureté des textures, les Wavac offrent un ensemble ultime, à même de profiter de chaque seconde de musique.

FICHE TECHNIQUE : TA-805m

  • Origine : Japon
  • Prix : 25 800 € (la paire)
  • Dimensions : 260 X 280 X 460 mm
  • Poids : 28 kg
  • Entrée analogique : 1 x RCA
  • Puissance : 50 W par canal

FICHE TECHNIQUE : PR-Z1

  • Prix :17 900 €
  • Dimensions : 460 x 95 x 483 mm
  • Poids : 17 kg
  • Consommation : 60 W
  • Ratio signal/bruit : >95 dB
  • Réponse en fréquence : 10 Hz-80 kHz
  • Distorsion harmonique (THD) : > 0,5 % (5 V)
  • Intermodulation : < 0,01 % (19 kHz+20 kHz)
  • Impédance :
    • Entrées : 75 kilo-ohms (RCA & XLR)
    • Sorties : 10 kilo-ohms (RCA & XLR)
  • Entrées analogiques : 3 RCA ; 2 XLR (5 RCA en option)

Paru dans VUMETRE n° 47

VUMETRE N°47

7,00 10,00  TTC

Mai – juin 2023 Version papier : 10 € (frais de port inclus) / Version digitale : 7 € Outre le plaisir de découvrir les nouveautés liées à votre passion et l’activité de l’industrie audio, nous vous proposons deux formats :

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