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LINN Klimax DSM 3

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Pionnière dans la lecture réseau avec le Klimax DS, sorti dès 2007, l’entreprise écossaise Linn, qui fête aujourd’hui ses 50 ans, continue de se réinventer et présente avec la dernière génération du LINN Klimax DSM, l’un des lecteurs les plus aboutis au monde. Grâce à son nouveau DAC Organik, maintenant intégralement fabriqué par Linn sur une architecture FPGA reliée à un étage de conversion analogique en composants discrets, le Klimax DSM/3 parvient à un rendu d’une définition et d’une spatialisation quasi intouchables, associées à une qualité de timbre peut-être jamais perçues auparavant.

Il y a un demi-siècle, un Écossais du nom d’Ivor Tiefenbrun créait à Glasgow une platine révolutionnaire sur plateau flottant : ainsi était née la Sondek LP12. Trente-cinq ans plus tard, par un besoin de remise en cause permanent, Linn développait le Klimax DS et sortait l’un des tout premiers lecteurs réseau haut de gamme, tandis que Deezer naissait à peine et que Spotify venait tout juste d’apparaître. Les quinze années suivantes, les ingénieurs de la marque n’ont pas arrêté de remettre en cause leurs process et après avoir ajouté la partie upsampling (suréchantillonage) en amont du DAC – dès 1997 – et l’avoir développée jusqu’à récemment, ils ont estimé être arrivés aux limites de cette méthode et devoir à nouveau revoir l’intégralité de la chaîne numérique pour l’améliorer. Alors, sous la coupe de l’ingénieur senior Phil Budd, ils ont revu tous les processus pour créer un nouveau convertisseur numérique-analogique intégralement propriétaire, basé sur une carte FPGA reliée à un étage de conversion entièrement fabriqué en composants discrets.

Basée sur des algorithmes propriétaires, la carte FPGA sert non seulement à suréchantillonner le signal numérique, mais également à gérer le volume pour utiliser l’appareil comme préamplificateur. L’étage de conversion vient alors ensuite s’atteler à délivrer le signal analogique avec une nouvelle conception, réfléchie pour réduire au minimum les chemins de signaux et limiter encore plus les distorsions et les bruits.

Afin de parfaire l’utilisation du DAC, celui-ci est intégralement séparé des autres étages dans le boîtier, qui bien que du même aspect que celui du Selekt DSM (5 520 €), utilise pour sa part des étages numériques et de puissance totalement isolés, pour un poids décuplé de 7,2 kg pour le Selekt DSM à 16,4 kg avec le Klimax DSM/3. Afin de parfaire l’architecture et éviter au maximum les interférences, un bloc étanche est ajouté pour y intégrer la partie la plus critique, l’Organik DAC, et la séparer des parties analogiques et de l’horloge, cette dernière revue sur la base d’un nouvel oscillateur afin de ramener les effets de jitter à des variables infinitésimales. Produit à partir d’une nouvelle machine CNC dans laquelle le fabricant a investi spécialement pour sa dernière génération de lecteur, le Klimax DSM/3 offre un coffrage blindé contre toutes les interférences, avec pour but de préserver au plus pur la qualité des données numériques puis du signal analogique.

Avec un tel cœur Organik, le Klimax DSM/3 est capable de décoder les fichiers en streaming jusqu’au 24 bits 384 kHz et les formats audio jusqu’au DSD256, sans chercher à aller plus loin pour le moment, ni à s’intéresser au format MQA. Son architecture FPGA permet des remises à jours régulières qui limitent l’obsolescence, même si l’on pourra toujours par la suite améliorer directement la carte numérique, comme les précédents Klimax peuvent aujourd’hui bénéficier d’une remise à niveau avec l’intégration du nouveau DAC, moyennant un budget certes non négligeable, mais toutefois inférieur à celui qu’il faudrait apporter pour échanger son ancien DSM contre un nouveau. En plus de son écran d’affichage aux caractères alphanumériques gris clairs très raffinés en façade, le Klimax DSM/3 bénéficie en face arrière d’une pléthore de connectiques de sorties et d’entrées, conçues sur une carte de circuit imprimé autonome avec alimentation dédiée. On peut alors non seulement brancher le boîtier en Ethernet par un câble RJ45, mais aussi directement en Ethernet optique pour le relier en fibre, ainsi que lire les fichiers audio en wifi ou en Bluetooth si besoin. Des entrées analogiques XLR, RCA et RCA phono sont également disponibles pour utiliser la partie préampli, ainsi que des sorties équivalentes ou encore des entrées USB, afin de transformer le Klimax DSM/3 en véritable serveur. Enfin, celui-ci est reliable à d’autres éléments Linn comme les enceintes actives Exakt par les sorties Exakt Link, au nombre de deux, ce qui peut d’ailleurs considérablement réduire la facture dans le cas où cette utilisation est la seule recherchée, puisqu’il suffit alors de faire l’acquisition du Klimax DMS/3 dans sa version HUB, moitié moins cher (18 000 €). À l’inverse, les utilisateurs les plus accomplis pourront opter pour la version Klimax DSM/3 AV, qui intègre rien moins que quatre entrées et une sortie HDMI supplémentaire sur la partie arrière droite, et donc une nouvelle carte, pour un tarif étonnamment équivalent à celui de la version Klimax DSM/3, soit 36 000 €.

L’installation

Vu le prix conséquent de ce bijou musical, emprunter le produit était inenvisageable et nous avons donc réalisé les tests chez Audio Synthèse, à Paris. Afin de ne pas distordre notre écoute, le Linn Klimax DSM/3 a d’abord été intégré à un système haut de gamme modeste. Puis il a été associé à des éléments de son niveau, c’est-à-dire parmi les meilleurs, sans jamais montrer la moindre faiblesse. Dans le même temps, des comparaisons réalisées avec le modèle du dessous de la même marque, le Klimax Katalyst – maintenu au catalogue car 14 000 euros moins cher –, ou avec des concurrents directs en termes de tarif, ont permis de mettre en évidence l’incroyable supériorité du Klimax DSM/3.

Écouté longuement avec des enceintes Raidho X-2 (à 12 900 € la paire), le préampli-lecteur réseau a pu ensuite être intégré à des Raidho C2.2 (22 500 €) puis sur les gigantesques TD-3.8 (88 000 €), tandis que l’intégralité du système avait été apurée, de l’entrée secteur par un câble Nordost Odin 2 (16 695 €) à une ingénieuse combinaison proposée par notre maître de concert in situ, Régis, quant à une utilisation en série de deux switches Bonn N8 de Silent Angel, branchés tous deux à l’alimentation de la même marque, Forester F1, pour une stabilité décuplée du branchement réseau.

Dans un tel contexte, l’écoute ne pouvait qu’être parfaite, mais elle s’est révélée encore au-dessus de nos attentes et le Klimax DMS/3 n’a plus été challengé que sur de nombreux fichiers et enregistrements très différents, sans que l’on ne sépare jamais sa partie préampli ou réseau de la partie conversion. Ajoutons qu’afin de fiabiliser encore la stabilité de la lecture réseau, il est possible de relier l’appareil directement par un câble Ethernet optique, soit en fibre sur toute la chaîne numérique, ce que nous n’avons également pu essayer lors de notre test, étant déjà trèsconfiants compte tenu de la pureté des données streamées grâce à la chaîne de switches précitée.

Le son

Si la haute-fidélité est un monde, le Linn Klimax DSM/3 a ouvert ses portes pour l’emmener vers un autre univers, tant ses possibilités semblent infinies. Écouté juste après une première prise de repères avec le déjà splendide Klimax Katalyst, le DSM/3 a donné l’impression de faire voler en éclat toutes les cloisons de la pièce, pour ne plus laisser libre court qu’à la musique. D’abord essayé avec les chanteuses de jazz Diana Krall et Melody Gardot, le lecteur réseau et son DAC Organik interne ont semblé transporter ces artistes dans la pièce, avec une présence presqu’aussi bien ressentie que lorsque nous les avions entendues en concert. Moins précis sur les détails tels que les bruits de lèvres ou les prises de respirations lors des premières écoutes, le DSM/3 nous semblait pourtant plus homogène, plus vivant et bien plus naturel dans la retranscription, d’une qualité de timbres rarement voire jamais atteinte auparavant. Puis après quelques pistes plus denses, nous avons compris que les détails moins bien perçus et le léger effet de resserrement de la scène sonore par rapport à un DCS Rossini, par exemple, venaient du fait que nos enceintes Raidho X-2 ne supportaient tout simplement plus le signal, tant les informations du streamer sont quasi illimitées.

Alors associé aux géantes TD-3.8, le Klimax DSM/3 n’a plus trouvé aucune limite et a apporté au moindre susurrement un niveau de détails infinitésimal, tout en maintenant des sonorités et une écoute libres et superbement agréables. Retesté avec des œuvres complexes par leur polyphonie, à l’instar du violent « Dies Irae » du Requiem de Verdi, choisi dans plusieurs enregistrements, notre bijou numérique a élargi jusqu’à la limite des possibilités la scène sonore, d’une complexité non entendue à un tel niveau, sans pour autant jamais créer d’effet d’étagements primaire et secondaire, mais bien avec la plus parfaite des matières quant à l’intégration de toutes les composantes entre elles.

Expérimenté ensuite avec de nombreux groupes de rock pour délimiter l’ambitus du spectre et notamment du registre grave, le Klimax DSM/3 n’a là encore montré aucune limite et a permis de retranscrire avec la plus parfaite netteté toutes les basses des instruments les plus divers, avec toujours une précision infinie dans le moindre grattement de corde ou le moindre frappement de percussion.

NOTRE CONCLUSION

En véritable magicien, le Klimax de dernière génération n’a jamais aussi bien porté son nom. Capable de transporter l’auditeur sur des sommets à chaque écoute, il permet de redécouvrir chaque enregistrement en l’amenant au bout de ses possibilités, sans la moindre limite perceptible, tant pour l’amplitude du spectre développé que pour le souffle et la vie incroyables dégagés de la scène sonore. On aimerait parler de naturel, mais nous étions dans la salle lors du live parisien de Melody Gardot et à la Scala de Milan pour le Requiem de Verdi par Barenboim, et dans les deux cas, la qualité sonore ressentie s’est montrée supérieure avec le Klimax DSM/3.

Pour un tel produit, il faut alors parler de réussite surnaturelle, non parce que le lecteur tente de transformer les sonorités, mais parce qu’il les rend tellement précises qu’il aurait fallu être à dix endroits en même temps, et notamment à la place du chef d’orchestre dans la salle milanaise, pour entendre la même chose, ou encore monter sur scène et coller l’oreille à quelques centimètres des lèvres de Melody Gardot pour pouvoir discerner le même niveau de détail.

À 36 000 €, le nouveau fleuron numérique Linn coûte le prix d’une belle voiture, mais il est en mesure de transporter l’auditeur à des milliers de kilomètres, sans faire bouger celui-ci de son salon.

FICHE TECHNIQUE : LINN Klimax DSM 3

  • Origine : Écosse, Grande-Bretagne
  • Prix : 36 000 €
  • Dimensions : 350 x 126 x 350 mm
  • Poids : 16,4 kg
  • Entrées & sorties numériques : Ethernet (1000BASE-T RJ45), Ethernet optique (SFP socket), 2 x Linn Exakt, Toslink, SPDIF, XLR, RCA, RCA phono, USB Type B, wi-fi (802.11ac), Bluetooth, HDMI (sur modèle AV), HDMI ARC/eARC (sur modèle AV)
  • Sorties analogiques :
    • XLR
    • RCA phono
    • HDMI (sur modèle AV)
  • Formats audio : FLAC, Apple lossless, WAV, DSD (64/128/256), MP3, WMA (sauf lossless), AIFF, AAC, OGG jusqu’à 24-bit 384 kHz

Paru dans VUMETRE n° 40

VUMETRE N°40

7,00 10,00  TTC

Mars – avril 2022 Version papier : 10 € (frais de port inclus) / Version digitale : 7 € Outre le plaisir de découvrir les nouveautés liées à votre passion et l’activité de l’industrie audio, nous vous proposons deux formats :

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