KEF LS50 Meta

Les LS50 ont constitué un beau succès commercial pour le Britannique KEF. Mais la loi du marché est intraitable. Aussi le constructeur a-t-il remis son ouvrage sur le métier pour aller explorer plus profondément la technologie dont il est coutumier. Un labyrinthe acoustique, c’est l’arme de destruction massive des résonances indésirables dans l’aigu dont se dote cette nouvelle mouture des petites LS50. Et vous verrez qu’il s’agit là d’un dispositif qui fait la différence…

Depuis de longues années, KEF a construit sa réputation autour de ses transducteurs coaxiaux. Une configuration baptisée « Uni-Q » par la marque, où le tweeter prend place directement au centre du woofer en lieu et place de son cache-noyau. Cette architecture présente l’avantage d’offrir une cohérence de phase parfaite entre les émissions sonores issues du tweeter et celles du woofer. Il s’agit là d’un atout majeur pour offrir à l’image sonore relief et précision dans la localisation spatiale de chacun de ses éléments sonores.

Architecture Uni-Q de douzième génération

De plus, KEF n’a cessé de faire évoluer son architecture Uni-Q pour en optimiser le comportement acoustique. Si sa structure générale n’a qu’assez peu évolué, c’est dans les détails et les subtilités qu’il faut rechercher les optimisations. Avec la LS50 Meta, c’est la douzième génération de ce système qui est mise en œuvre. Ici, la recherche de perfection concerne la restitution de l’aigu et, plus précisément, la charge acoustique associée au tweeter. Assez peu de marques se soucient de ce point. Si B&W s’est intéressé de très près à ce problème en associant à son tweeter, ainsi qu’à d’autres haut-parleurs, une charge type Nautilus pour en amortir l’onde arrière, le constructeur britannique fait figure d’exception. KEF vient donc le rejoindre sur ce terrain en proposant une solution légèrement différente.

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Un « corps noir » acoustique

Elle se base sur un petit labyrinthe, dont le tracé rappelle celui d’un jeu d’adresse où il faut faire cheminer une petite bille vers le centre de la structure. Dans notre cas, chaque « couloir » de ce labyrinthe dispose d’une longueur et d’un tracé qui lui permet d’éliminer, par diffraction ou composition de phase, un groupe de fréquences. La multiplicité des tracés que porte cette structure offre ainsi la possibilité d’annuler l’onde arrière du dôme du tweeter sur l’ensemble de la plage de fréquences qu’il a pour vocation de restituer. En somme, ce mini labyrinthe se comporte comme un corps noir acoustique sur la plage de fréquence que traite le tweeter. KEF assure que cette technologie, baptisée MAT pour Material Absorption Technology, étudiée conjointement avec le groupe Acoustic Materials Group, a la capacité d’absorber, et donc d’éliminer, 99 % des sons indésirables. De plus, une telle architecture est simple à intégrer au dos d’un tweeter puisqu’elle se résume à un disque de relativement faible épaisseur. Cet élément trouve ainsi aisément sa place au dos du bloc magnétique de la structure Uni-Q.

Des courbures savamment étudiées

Si le recours à cet amortisseur MAT constitue la grande nouveauté de ce système Uni-Q, le reste de son architecture, comme celle de la LS50 Meta, reste assez conventionnel. Le boomer, d’un diamètre de 130 mm, dispose d’un cône réalisé dans un alliage aluminium/magnésium associant une grande rigidité à une très faible masse. De plus, pour limiter encore le risque d’apparition d’ondulations de surface de sa membrane, notamment lors des transitoires, des nervures viennent encore la rigidifier. Par ailleurs, comme pour toute structure coaxiale, le cône du boomer fait aussi office de pavillon pour offrir au tweeter une meilleure répartition spatiale de l’aigu. À noter que pour éviter toute rupture de continuité de surface entre le dôme du tweeter et le baffle frontal, KEF joue ici sur des formes incurvées tout en douceur. Une première pièce métallique assure le couplage entre le tweeter et le centre de la membrane du boomer, tandis que la façade des LS50 Meta adopte également un profile en portion de sphère pour une diffusion optimale des ondes sonores. Il faut enfin noter que pour éviter toute rupture de courbure entre la membrane du boomer et l’ébénisterie, KEF a proscrit les suspensions périphériques en demi-rouleau. Ici, la marque a mis au point une suspension, baptisée Z-Flex, basée sur un caoutchouc nervuré, qui assure au boomer un débattement important sans pour autant présenter de bourrelet proéminent. Ce type de suspension, assez rigide, explique qu’il soit indispensable de roder assez longuement les LS50 avant qu’elles puissent s’exprimer pleinement.

Un tweeter qui « grimpe » très haut

Le tweeter, structure coaxiale oblige, occupe donc le centre de la membrane du boomer. Son large dôme de 25 mm est à base d’aluminium. Très léger, il offre aux LS50 Meta une réponse en fréquence dans l’aigu s’étendant au-delà de 40 kHz, ce qui est suffisamment rare pour être signalé et se justifie pleinement lorsque des fichiers audio hi-res sont exploités. Enfin, un guide d’onde frontal joue un double rôle. En premier lieu, il fait office de grille de protection du dôme. Sa seconde fonction est d’optimiser la dispersion de l’aigu en ouvrant l’angle de propagation des ondes sonores et en homogénéisant leur répartition sur l’ensemble de la zone couverte par les enceintes.

Enfin, l’ébénisterie de ces petites dernières est directement déclinée des LS50 de génération antérieure. On retrouve les renforts internes pour une très haute rigidité et, bien entendu, la face avant incurvée qui offre à ces enceintes un « look » qui les distingue au premier coup d’œil. L’intégralité de son volume interne fait office de charge acoustique pour le woofer. Un évent, débouchant en face arrière, vient la décompresser. Comme de tradition chez KEF, un jeu de mousses, proposant d’obstruer partiellement ou totalement l’évent est fourni. Une spécificité qui offre la possibilité de modifier le comportement des LS50 Meta en fonction de leur positionnement au sein de la pièce d’écoute.

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L’installation

La mise en service des petites LS50 Meta ne pose pas de problème particulier. Évent ouvert, elles restent assez sensibles à leur positionnement par rapport aux murs et, surtout aux coins de pièce. Pour qu’elles s’expriment pleinement, l’idéal est de les placer à au moins un mètre des angles de la pièce et au moins 30 centimètres du mur. Il est également bon de leur offrir un pied de qualité, correctement lesté, et garantissant un bon écoulement des vibrations de leur ébénisterie. En revanche, en dépit de l’appellation « bibliothèque », il est fortement déconseillé de les insérer dans un rayonnage en les entourant de livres qui empêcheront la libre circulation de l’air autour de l’évent. Enfin, à proximité des angles de pièce, nous avons préféré utiliser les mousses d’occultation des évents pour préserver le bon équilibre de la restitution et éviter son empâtement dans le grave.

Le son

Comme pour tout système coaxial, le point fort des petites LS50 Meta réside dans leur précision en matière de localisation spatiale des différents éléments de la scène sonore. Une spécificité mise en exergue lors de notre traditionnelle écoute de Three Pieces for Blues and Symphony Orchestra de William Russo interprété par l’orchestre symphonique de San Francisco sous la direction de Seiji Ozawa. En dépit de la réverbération assez marquée qu’offre la salle de l’Opéra de San Francisco, chaque musicien se localise parfaitement et se détache avec une excellente précision. L’espace stéréophonique retrouve ainsi une ampleur qui offre à l’image sonore un relief particulièrement séduisant. L’intervention du triangle, qui se fait entendre durant l’un des rares instants plus calmes et feutrés de l’œuvre, illustre parfaitement ce comportement. Non seulement il se trouve parfaitement positionné, légèrement à droite du centre de l’espace sonore, mais sa note cristalline semble provenir des fins fonds de la salle, ce qui est le cas.

On retrouve également l’excellent comportement de cette famille d’enceintes dans le médium et de l’équilibre tonal qu’elles offrent. Les voix, notamment, sont restituées avec beaucoup de chaleur et de présence. L’écoute de diverses plages de Bernard Lavilliers nous a permis de vérifier ce point. Les LS50 Meta ont toujours parfaitement respecté son timbre de voix sans pour autant que la voix grave du chanteur se trouve submergée par le reste de l’orchestration et notamment par la guitare basse. Précisons que les petites enceintes tiennent d’ailleurs le registre grave avec une belle fermeté. En dépit de la surface modeste de leurs woofers, elles disposent d’un impact tout à fait satisfaisant et offrent à l’écoute une belle assise. Elles descendent même dans le grave avec une aisance surprenante pour des coffrets d’un volume aussi réduit. En ce qui concerne l’aigu, l’apport du dispositif d’amortissement MAT est bien tangible. Il offre ici une écoute détaillée, même fouillée, sans aucun effet de brillance. L’aigu reste feutré et bénéficie d’un remarquable naturel, même à niveau d’écoute soutenu.

Enfin, les LS50 Meta disposent d’une belle dynamique. En dépit de leur rendement relativement modeste, 87 dB, la puissance qu’elles admettent est plus que suffisante pour qu’elles affrontent sereinement tant les envolées flamboyantes d’un orchestre symphoniques que les solos de batterie d’un groupe de jazz. Un comportement qu’a parfaitement illustré l’écoute de « In The Hall Of Mountain King », de Grieg, entre autres. De plus, nous avons pu noter que, durant les premiers mesures, les timbales bénéficiaient d’une incroyable profondeur.

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Notre conclusion

Visiblement, l’arrivée de la douzième génération du système Uni-Q n’est pas qu’un effet d’annonce de la part de KEF. Elle fait partie de la perpétuelle recherche d’optimisation que mène la marque et son impact sur l’écoute est bien réel. Certes, on retrouve le comportement global de l’ensemble des éléments de la famille LS50 mais, en prêtant une oreille attentive, il est clair que la restitution gagne encore en détails, en finesse et en subtilité tout en préservant son naturel. Un comportement séduisant qui propose une nouvelle écoute quel que soit le type de musique.

FICHE TECHNIQUE : KEF LS50 Meta (enceintes compactes hifi)

  • Origine : Grande-Bretagne
  • Prix : 1 199 € (la paire)
  • Dimensions : 302 x 200 x 280,5 mm
  • Poids : 7,8 kg
  • Puissance recommandée pour l’amplificateur : De 40 W à 100 W
  • Réponse en fréquence : 47 Hz à 45 kHz (à -6 dB)
  • Sensibilité : 85 dB (pour 2,83 V à 1 m)
  • Impédance : 8 ohms (3,2 ohms au minimum)
  • Fréquence de raccordement : 2,1 kHz
  • Section tweeter : Dôme aluminium 25 mm avec amortisseur MAT
  • Section woofer : 130 mm cône aluminium anodisé

Paru dans VUMETRE n° 34

VUMÈTRE N°34

VUMÈTRE N°34

Plage de prix : 7,00 € à 10,00 € TTC

Mars-avril – 2021 Version papier : 10 € (frais de port inclus) / Version digitale : 7 €

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