La Davis Courbet 8 est la dernière pierre en date de la collection éponyme. C’est une belle enceinte utilisant trois haut-parleurs d’exception, tous les trois fabriqués dans l’usine troyenne de Davis Acoustics dans l’Aube. Pièces polaires, aimants, plaques métalliques, assemblage des saladiers sur les moteurs magnétiques, collages des membranes avec les bobines mobiles… Tout au long du processus de fabrication, Davis Acoustics revendique avec fierté une conception et un assemblage 100 % made in France. C’est aujourd’hui suffisamment rare pour être mentionné !
Comme toutes ses sœurs, la Courbet n°8 adopte un profil légèrement incliné, pour garantir une mise en phase optimale des différents haut-parleurs. Elle est disponible en finition blanc satiné avec socle en chêne, mais également dans une version plus classique totalement noire, et dans deux versions inédites, une bleu nuit du plus bel effet, et une gris granite qui fait l’objet du présent banc d’essai.
La charge bass-reflex du woofer de 21 cm est accordée par un évent cylindrique frontal. La formule permet d’assurer une restitution solide en-dessous de 40 Hz. Le boomer reçoit une membrane en fibres de carbone renforcée dont le rapport poids sur rigidité très favorable évite les déformations pendant les grands débattements. La fibre de carbone est utilisée par Davis depuis plus de trente ans, c’est un matériau coûteux utilisé par la concurrence sur des enceintes souvent plus chères.
À l’autre extrémité du spectre, pour le registre aigu, on identifie le nouveau TW28CD à très faible distorsion et champ magnétique extrêmement concentré. Ce tweeter inédit embarque un dôme amorti de 28 mm en trame de soie enduite d’un composé polymère. Cette solution permet de repousser l’intervention du premier mode de fractionnement au-delà de 26 kHz. Il est couplé à une bobine en cuivre et aluminium à très faible inductance et dont la très faible masse favorise une excellente réponse impulsionnelle. Le circuit magnétique a été optimisé par l’usage d’un néodyme de qualité supérieure et surdimensionné, ce qui améliore la sensibilité sur toute la bande reproduite. Les pièces polaires spécifiques garantissent des lignes de champ parfaitement parallèles sur toute la hauteur de l’entrefer, ce qui réduit considérablement la distorsion. La partie arrière du tweeter crée une double chambre de décompression, une en forme de tuyau borgne dont le volume de charge clos amortit et accorde la décompression, une seconde périphérique qui décompresse la suspension du dôme.
Enfin, pièce maîtresse du dispositif, le médium n’est pas un inconnu puisqu’il s’agit du même modèle que celui des Olympia One Master que nous avions testées dans notre tout premier numéro. Le 13 KLV5 R, un haut-parleur, qui a fait sa réputation depuis bientôt trente ans et qui a enregistré de nombreuses évolutions à travers son parcours, est équipé d’une membrane en Kevlar, et d’un traitement de surface en latex. Ce petit boomer dispose d’une bobine mobile de 25 mm et d’une ferrite de 102 mm, une valeur gargantuesque pour un haut-parleur de seulement 13 cm.
Le filtrage est entièrement câblé en l’air avec une liaison directe composant à composant sans câblage ou circuit imprimé intermédiaire. Cette technique ancienne évite toute perte d’insertion par ajout d’un conducteur intermédiaire. De plus, cette absence de liaison électrique forcément résistive et capacitive (circuit imprimé) garantit des pentes de coupure réelles identiques à celles calculées et définies par Davis. Le câblage interne et la liaison vers le bornier simple à l’arrière de l’enceinte sont réalisés en câbles isolés Téflon PTFE provenant du catalogue de HiFi Câbles et Cie.
Le filtre de la Courbet n°8 est assez simple pour une trois voies et utilise des composants très haut de gamme comme des condensateurs Mundorf MCap Supreme en série pour le tweeter, des condensateurs SCR en parallèle et des selfs RAH pour le médium. L’astuce technique qui fait toute la différence a trait à la self qui se trouve sur le haut-parleur de grave. Celle-ci est doublée (on a donc deux selfs en parallèle) pour diminuer la résistivité de la self et diminuer la perte de dynamique due au filtre. Enfin, précisons que le médium est filtré en haut et en bas ; il s’agit donc d’une vraie trois voies et non pas d’une deux voies et demie. Le médium est filtré dans le grave en 6 dB par octave, en pente douce donc, et en 12 dB par octave dans le haut, à environ 2 500 Hz. Les bornes HP sont de magnifiques WBT NextGen.

L’installation
Davis n’en finit plus de faire monter en gamme sa ligne maîtresse baptisée Courbet. Ainsi, la nouvelle n°8 est une imposante colonne dont l’inclinaison lui confère une évidente élégance. Mais ne vous y trompez pas, il est illusoire de penser que l’on pourra exploiter dans de bonnes conditions ces enceintes dans une pièce de moins de 25 m². Et pour notre part, nous aurions tendance à vous conseiller plutôt 30 m² a minima. En dessous, la Courbet n°7 sera parfaitement indiquée. Idem pour l’amplification. Nous avons débuté les hostilités avec un amplificateur McIntosh MA352 qui, à l’usage, ne s’est pas avéré être le bon partenaire pour faire chanter les dernières Davis. C’est finalement grâce à l’Audio
Analogue Puccini Anniversary que les n°8 se sont totalement sublimées. Choisissez donc une électronique puissante avec une bonne alimentation. Nous avons tendance à nous répéter, mais l’alimentation est un point crucial de l’amplificateur. Une électronique dynamique et modulée sera appréciée. Dans une belle pièce donc, on écartera les n°8 des angles, et l’on pourra, certes avec précaution, conserver une certaine proximité avec le mur arrière, sans toutefois dépasser une trentaine de centimètres. C’est avec la sympathique complicité de Thomas (Davis Acoustics) et Alain (Elecson) que nous avons réalisé ce test. Nous les en remercions chaleureusement.
Le son
Les Davis sont des enceintes qui cachent bien leur jeu. Un certain nombre d’observateurs ont tendance à les cantonner à la catégorie des excellents RQP. C’est à notre avis une vision tout à fait réductrice de la marque troyenne. Bien sûr, les Davis font état d’un excellent rapport qualité-prix. Mais elles font bien plus que cela, elles procurent de magnifiques sensations sonores. Ainsi, nous n’avons pas eu à attendre longtemps pour comprendre que les nouvelles n°8 étaient d’authentiques colonnes haut-de-gamme. Elles le prouvent en premier lieu grâce à un spectre large digne de ce que l’on est en droit d’attendre d’une enceinte de ce prix. Lorsque l’on écoute une grande formation symphonique, les basses octaves sont reproduites avec une conviction exceptionnelle et surtout beaucoup de sérénité. Ces enceintes sont toujours à l’aise. On identifie immédiatement qu’elles n’ont nul besoin de forcer pour s’imposer. Si l’on osait une analogie avec le monde de l’automobile, nous pourrions dire qu’elles font preuve d’un couple étonnant. Elles sont toujours sereines, jamais dépassées par les événements, même lorsque le message sonore devient extrêmement complexe, aussi bien en densité qu’en suivi rythmique. Avec les n° 8, on peut écouter fort dans une vaste salle sans que le confort n’en souffre, sans que le son se durcisse. Là encore, le choix de l’amplificateur, de la source et de la câblerie sera essentiel. Mais avec le bon environnement, ces belles colonnes font le job avec maestria. Qui dit confort, dit homogénéité de la bande passante, et donc pouvoir de résolution digne de ce nom et absence de distorsion. Sur ces deux terrains, les n° 8 fonctionnent de manière optimale. Nous pouvons donc profiter avec gourmandise d’une sélection extrêmement variée de différents styles musicaux à faible comme à haut niveau. Et une fois achevée l’analyse de leurs qualités, il reste à apprécier leur personnalité. Davis, surtout depuis qu’il a entamé le développement de sa ligne Courbet, nous confirme qu’il place le confort d’écoute en tête de ses priorités. Depuis maintenant quelques années, nous pouvons en attester.
Le constructeur français s’attache à reproduire les timbres avec une évidente neutralité qui ne se départit jamais d’une grande douceur. La marque de fabrique de Davis réside dans cette suavité servie par une large amplitude sonore. Voilà un constructeur qui voit les choses en grand, donc avec des colonnes toujours généreuses depuis le début de la gamme. Avec ses n°8, il nous enseigne qu’il sait parfaitement repousser les limites et s’inscrire dans une démarche haut-de-gamme sans limitation.
Notre conclusion
Le temps passe et Davis mûrit son offre avec une grande intelligence du marché. Nous aimons beaucoup la ligne Courbet, et avons clairement eu un petit coup de cœur pour la n°8. Non seulement cette belle colonne est tout à fait réussie, mais elle confirme que le constructeur troyen possède les capacités pour occuper le terrain en matière d’enceintes haut-de-gamme. Il nous l’avait montré à maintes reprises par le passé avec les Kristel
et les Karla. Ici, il parvient à nous offrir un très bel échantillon des qualités d’une enceinte très ambitieuse à un tarif certes important mais qui reste accessible à l’audiophile exigeant.
FICHE TECHNIQUE : DAVIS Courbet 8 (enceintes colonnes hifi)
- Origine : France
- Prix : 5 700 €
- Dimensions : 235 x 1125 x 301 mm
- Poids : 33 kg
- Puissance nominale : 150 W
- Puissance maximale : 200 W
- Rendement : 92,5 dB
- Bande passante (+/-3 dB) : 35-25 000 Hz
- Impédance : 4 à 8 ohms
- Fréquence de coupure : 250-2 500 Hz
Paru dans VUMETRE n° 35
VUMÈTRE N°35
Mai-juin – 2021 Version papier : 10 € (frais de port inclus) / Version digitale : 7 €












