Le convertisseur Jadis JS2 entre aujourd’hui dans sa quatrième génération, preuve de son intérêt au sein de la gamme, de celui qu’il suscite auprès de son public, et du bien-fondé de sa genèse. Bref, un appareil bien né qui continue imperturbablement sa carrière. Et cette dernière version semble encore plus creuser l’écart avec les précédentes. Les nouvelles fonctionnalités de la version MkIV comprennent principalement des circuits numériques mis à jour avec une section analogique à tubes et une section alimentation optimisées. Revue de détail complète ci-dessous…
Plus le temps passe et plus le JS2 apprend de son aîné, le JS1 dont il se rapproche imperceptiblement. Certes, il reste farouchement mono châssis, ce qui doit constituer d’ailleurs la première ligne de son cahier des charges. Mais en revanche il s’approprie certaines spécificités de son aîné.Ne vous fiez surtout pas à l’aspect vintage du coffret de ce convertisseur, car le boîtier en acier inoxydable non magnétique et les circuits imprimés double face aux larges pistes de cuivre garantissent un faible bruit et une isolation contre les interférences externes.
La charte graphique du constructeur sudiste est toujours au rendez-vous avec un coffret sublimement poli miroir. Une contre-plaque frontale solidement arrimée par six vis BTR inox accueille la sérigraphie et les organes de réglage. Un petit basculeur on/off à gauche et un sélecteur rotatif à droite constituent l’essentiel des commandes. Quatre puissantes LEDs renseignent sur la mise sous tension, le caractère opérationnel de l’appareil, la fréquence de décodage, et le format du fichier en lecteur (PCM/DSD).
Le capot est confortablement perforé pour laisser s’échapper les calories excédentaires que le copieux montage à tubes ne manque pas de générer. Un bon conseil, ne posez strictement rien sur cet appareil.
En face arrière, l’espace est généreux, et la connectique agréablement implantée de façon à ce que même lorsque vous utiliserez des cordons gargantuesques, rien ne gênera la manipulation. De gauche à droite vous trouverez le réceptacle IEC destiné au cordon secteur, les sorties analogiques asymétriques sur connecteur RCA et symétriques sur connecteur XLR, puis les entrées numériques au nombre de quatre : port USB de type B, AES/EBU sur XLR et S/PDIF sur RCA et Toslink.
L’intérieur offre une implantation rigoureuse et élégante. Et c’est une performance car le coffret est plein comme un œuf !
Les circuits numériques du JS2 MkIV ont été totalement repensés et couplés à une interface numérique USB optimisée Amanero, qui permet des débits d’entrée jusqu’à 24 bits/384 kHz, et assure la compatibilité avec une large gamme de fichiers musicaux haute résolution, y compris DSD.
La conversion proprement dite est effectuée par une paire de puces AKM 4497 de dernière génération agencées pour un traitement symétrique, une technique précédemment expérimentée dans le JS1. L’utilisation d’une puce AKM 4497 distincte pour chaque voie élimine totalement la diaphonie entre les canaux et se traduit par une suppression supérieure du bruit numérique.
Une autre caractéristique de la mise à jour du JS2 est l’implémentation d’énormes filtres de sortie analogique en utilisant des condensateurs à liaisons multiples pour filtrer et lisser la conversion de sortie numérique. Cela fournit une phase optimale. Enfin, chacune des six sections de la partie numérique reçoit sa propre régulation d’alimentation secondaire, montée directement sur le circuit imprimé.
Un espace considérable à l’intérieur du châssis en acier inoxydable non magnétique est consacré aux circuits périphériques de l’étage analogique en mode discret complémentaire. Il est implanté sur un circuit imprimé phénolique double face à courant élevé avec des pistes de cuivre d’une épaisseur de 70 μm. Ces circuits imprimés sur mesure rivalisent avec le câblage en l’air point à point, grande spécialité de la marque de Carcassonne.
Le circuit analogique du JS2 a également été complètement révisé pour fournir une séparation complète des canaux en utilisant les deux côtés de la double triode ECC82/12AU7 pour chaque canal.
D’un point de vue purement analogique, cet étage à tubes entièrement symétrique est composé d’un amplificateur et d’un cathode follower capable d’accepter n’importe quelle charge. La réflexion est identique à celle de la double puce du DAC ; cela évite toutes les interférences en matière de diaphonie et permet au JS2 MkIV de piloter sans effort n’importe quel préamplificateur, avec des sorties symétriques (XLR) ou asymétriques (RCA).
L’alimentation utilise un massif transformateur à noyau en EI et un filtrage secteur Schaffner avec quatre étages primaires d’alimentation : deux numériques et deux analogiques
L’utilisation
Comme tous les bons convertisseurs, le JS2 MkIV exige de longues heures de chauffe pour offrir une performance à maturité. Néanmoins, grâce à l’étage de sortie à tubes, cette durée est moins longue que sur une machine 100 % transistors. En revanche, les tubes sont parfois sujet à l’effet microphonique, il faudra donc songer à choisir un support très stable qui permettra de s’affranchir de ce petit désagrément. Mais votre revendeur Jadis saura vous indiquer la marche à suivre. Nous avons procédé à notre sélection habituelle en matière de câbles, et nous avons trouvé que le JS2 MkIV était très tolérant en matière de cordon. Chaque marque utilisée a tendance à favoriser l’équilibre particulier, mais pour le coup, c’est plus une affaire de goût qu’autre chose. Nous vous laisserons donc seul juge de la sélection.
Le son
Même à très bas niveau de sortie, la magie Jadis fonctionne parfaitement. Les lignes mélodiques sont extraordinairement bien dessinées et reproduites. L’écoute a un côté chantant assez spécifique, et que l’on ne retrouve pas souvent sur ce genre de produit. Il y a un côté très « évident », très intuitif. Le climat général de la restitution est très relaxé. Parfois on a presque l’impression que la modulation est plus lente que d’habitude. Ce n’est pas tout à fait cela qui se passe ; en réalité, c’est tout simplement parce que le temps semble s’écouler plus lentement, par le truchement d’une densité supérieure du son. Cette matérialité impose une nouvelle temporalité. Pas de panique, votre disque de 62 minutes et 15 secondes sera bien reproduit dans le temps imparti. En revanche, votre ressenti de cette durée sera différente. Il y a dans le son offert par le JS2 MkIV une totale absence de stress, une sorte d’évidence à se laisser porter, à s’offrir au moment présent. Indéniablement, vos sens sont beaucoup plus stimulés. Cela est dû à la qualité des timbres reproduits par le JS2 MkIV qui sont charmeurs et pleins, mais également à la qualité du relief sonore. L’appréhension de l’image stéréophonique est en effet ici très différente de ce que peut nous offrir une machine totalement transistorisée. L’effet holographique n’est pas une utopie en l’espèce, mais une réalité éminemment palpable. Il est totalement étonnant de constater à quel point l’auditeur a la sensation de pouvoir toucher les différentes composantes sonores constituant le message musical. L’individualisation de toutes les sources est la clé de la compréhension de la magie du constructeur de Carcassonne. Lorsqu’un interprète se déplace dans le champ sonore, vous l’identifierez immédiatement. D’une manière générale, tout ce qui bouge, tout ce qui survient et tout ce qui repart de l’instant musical est aisément perceptible. En termes de reproduction des atmosphères, le JS2 MkIV ne craint personne. Il faut avouer que l’étage de sortie à tubes fait un travail magnifique pour mettre en perspective les évolutions des musiciens et la construction scénique de chaque morceau. De très nombreuses informations sont présentes dans le champ sonore. Parfois elles fusent de façon assez inhabituelle. Mais peut-être est-ce tout simplement du fait qu’avec d’autres machines on ne percevait pas leur présence avec autant d’acuité. Car si le Jadis JS2 MkIV peut se prévaloir d’une qualité comparé à toutes autres, ce serait celle d’être un facilitateur tant avec lui la perception du message musical semble innée et tellement plus confortable qu’à l’habitude. En ce sens, il hausse considérablement la notion de naturel.
Notre conclusion
Voilà une bien merveilleuse machine à reproduire la musique, toutes les musiques, sans aucune réserve. Le Jadis JS2 MkIV est sans conteste l’une des sources numériques les plus élégantes qu’il nous ait été donné d’entendre. Avec lui, les différents flux ne sonnent jamais de la même manière. Ils acquièrent tous leur statut unique au travers d’une reproduction étonnamment incarnée, très naturelle, particulièrement bien réalisée sur le plan du relief sonore, bref incroyablement vivante. Si vos différentes écoutes vous ont lassés et que vous sentez qu’il est grand temps d’essayer autre chose, prenez le temps d’aller écouter un Jadis JS2 MkIV dans de bonnes conditions. Vous serez frappés par la pertinence de cette machine, par son aptitude absolument unique à vous transporter sur le lieu où la musique est née avec une force de conviction assez plus commune. C’est une expérience toujours magique de vivre plusieurs jours durant avec un Jadis. On ne reste jamais insensible à ses charmes…
FICHE TECHNIQUE : JADIS JS2 MKIV (sources DAC)
- Origine : France
- Prix : 8 500 €
- Dimensions : 455 x 125 x 325 mm
- Poids : 13 kg
- Entrées :
- SPDIF sur connecteur RCA PCM 24 bits/192 kHz
- AES/EBU sur connecteur XLR PCM : 24 bits/192 kHz
- SPDIF sur Toslink PCM : 24 bits/192 kHz
- USB type B PCM : 24 bits/192 kHz DSD : 24 bits/384 kHz
- Compatibilité numérique :
- PCM 24/192 (S/PDIF RCA et AES/EBU), PCM 24/384 (USB)
Paru dans VUMETRE n° 34
VUMÈTRE N°34
Mars-avril – 2021 Version papier : 10 € (frais de port inclus) / Version digitale : 7 €
