Artiste : Joy Division
Album : Closer
Label : WM UK
Lien : https://www.joydivisionofficial.com/?home=true
Style : Pop/Rock, Punk
ALBUM INDISPENSABLE
Sorti quelques mois à peine après la mort du charismatique chanteur Ian Curtis, Closer, deuxième album studio de Joy Division, pose les bases du son de la new wave naissante comme du rock gothique.
Joy Division est l’archétype du groupe dont le parcours semble frappé par le poids d’une malédiction, qui malgré ou en partie grâce à cet acharnement du sort, parvient à devenir culte et à impacter fortement la musique de son influence. Influencés eux-mêmes par les prestations des Sex Pistols, Bernard Sumner, Peter Hook et Terry Mason décident de fonder un groupe dans lequel ils recrutent Ian Curtis, par le biais d’une petite annonce. Par la suite s’opèrent plusieurs changements de batteurs comme de nom, avant d’opter définitivement en 1976 pour Joy Division. Ce nom, venu d’un terme allemand désignant la partie qui organisait l’exploitation sexuelle des détenues dans les camps de concentrations, associé à l’iconographie de leur premier EP, leur vaut des soupçons d’attrait pour le régime nazi, ce qui sera toujours démenti par les membres du groupe. Bien que dernier arrivé, Ian Curtis devient un pilier avec ses paroles qui respirent le mal être, son interprétation sépulcrale et son implication sur scène, où il vit chaque rythme et chaque mot. Souffrant d’épilepsie, il lui arrive de faire des crises sur scène et face à ses douleurs psychiques envahissantes, comme à sa difficulté à gérer sa notoriété, il met fin à ses jours alors qu’il n’a que 23 ans, quelques mois à peine avant la sortie de Closer. En quarante-trois chansons et cent vingt concerts, Joy Division a réussi à créer une légende et à fortement influencé la musique de l’époque, ce dont on peut percevoir quelques facettes dans le film Control, adapté du livre de Deborah Curtis, l’épouse de Ian.
Marqué par le punk, leur style se forge réellement lorsqu’ils ralentissent le tempo, collant ainsi au phrasé particulier de Ian Curtis. Autre particularité, la basse de Peter Hook porte les mélodies alors que le guitariste Bernard Sumner opte pour un jeu plutôt rythmique, tandis que le batteur semble suivre ses acolytes. Avec d’autres groupes à la même époque, ils insufflent la transition du punk vers la new wave. Ils sont aussi considérés comme ayant eu une forte influence sur le mouvement gothique par l’ambiance sombre de leur musique. De plus, observées à posteriori sous l’angle du suicide de leur chanteur, les paroles des morceaux prennent le poids d’une dimension prémonitoires dans l’expression de ses souffrances existentielles. Parmi leurs influences, on trouve le rock allemand de la même période, comme des groupes américains plus anciens tels The Velvet Underground, The Stooges ou The Doors, mais aussi des artistes qui leur sont contemporains comme Siouxsie And The Banshees, qui leur inspirera leur utilisation inhabituelle de la guitare et de la basse.
Le jeune producteur Martin Hannett n’est pas étranger dans l’élaboration du son distinctif façonné par le groupe. Il fait preuve d’une grande méticulosité et introduit retards et échos, notamment sur la batterie. L’ambiance est froide, lourde et tendue avec un coté chirurgical, mais d’une chirurgie post-apocalyptique sombre et poisseuse. Pour Joy Division, il y a bien un futur après le punk, mais ce n’est pas pour autant qu’un espoir s’éveille. Il n’empêche qu’au-delà de la légende, les deux albums studio de Joy Division sont considérés comme des indispensables. Sur cette réédition, de multiples compilations et live sont ajoutées, et s’ils contiennent bien leur lot de pépites, leur achat en support physique peut se questionner, tant ils engendrent des répétitions et gardent finalement avant tout un intérêt historique, sauf pour les afficionados du groupe.










