Le test en profondeur du lecteur/transport CD/SACD dans notre numéro 43 n’était finalement que le premier épisode d’une nouvelle série. En effet, plutôt que de récupérer son D1.5, CH Precision nous a prêté le nouveau convertisseur numérique/analogique C1.2, l’alimentation séparée X1 et l’horloge externe T1. Cela dans l’idée de nous éclairer davantage sur la réalité du concept global de source numérique pensé et élaboré par la redoutable équipe suisse.
Si nous ne sommes pas au sommet de sa pyramide qui comporte sept boîtiers, nous planons déjà très haut dans la voûte céleste de la musicalité. Voilà comment, pendant plusieurs mois, nous avons pu disposer d’une source numérique totalement exceptionnelle dont nous nous apprêtons à tenter de vous décrire la philosophie et la performance. Ce quasi « full set » représente 84 kg de haute technologie et 20 années de recherche…
Dans le premier article que nous avons consacré à CH Precision dans notre numéro 40, nous avions évoqué le fait que le constructeur suisse a fortement axé sa philosophie sur l’approche systémique. Ce courant de pensée initialement développé dans les sciences sociales est particulièrement présent dans le domaine de la hi-fi où chaque système répond par définition à sa propre logique. Pour la repérer, il faut s’intéresser à la manière dont circule l’information en son sein.
Un système s’appréhende dans sa totalité. Il représente indiscutablement plus que la somme des éléments qui le constituent, ce qui accroît considérablement sa valeur lorsqu’il est bien composé. Chaque élément modifie le système et le fonctionnement des autres. Un élément ne se comporte pas nécessairement de la même manière dans un système ou dans un autre. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le système change dès lors qu’un élément y entre ou en sort. En définitive, ce qui façonne toute la sophistication, la complexité et l’intérêt de ce concept s’explique parce que le changement peut être introduit par n’importe quelle partie ou n’importe quel élément du système.
Bien évidemment, cette observation attentive s’applique à un système composé de plusieurs éléments CH Precision, mais également à chacun des éléments CH Precision pris indépendamment. Car chaque appareil est lui-même le fruit d’un système. Cette réflexion n’est pas sans donner le tournis, car lorsque l’on connaît le niveau d’exigence du constructeur suisse, on sait parfaitement qu’absolument aucun paramètre ne sera laissé au hasard. C’est d’ailleurs la philosophie fondatrice de CH Precision : tout doit être parfait. Sur la dernière page de sa très jolie plaquette, il est d’ailleurs fait mention d’une citation de Sir Henry Royce tout à fait éclairante : « Tendez vers la perfection dans chaque chose que vous faites. Prenez le meilleur qui existe et rendez-le encore meilleur. Et si cela n’existe pas, créez-le. »
Une fois que l’on a mis en évidence ce niveau obsessionnel d’exigence, et que l’on connaît le parcours des développeurs de la marque, en tant que créateurs de l’un des meilleurs bureaux d’études audio, on touche du doigt avec beaucoup plus d’acuité la façon dont CH Precision envisage sa source numérique. D’une certaine manière, son produit fini, sa vraie source numérique définitive, c’est la configuration en sept châssis. Sur le plan de la réflexion, voilà où se situe le point de départ. Et pour rendre cette réalité accessible ne serait-ce que sur un plan pratique, chaque fonction a été dévolue à un organe particulier, implanté dans un boîtier indépendant, chacun étant connecté aux autres à l’aide de liaisons intelligentes.
Comme malgré tout il faut répondre à des nécessités économiques, le constructeur a subtilement fait en sorte que l’on puisse acquérir les boîtes les unes après les autres en partant de la toute première brique, le lecteur D1.5. Comme le niveau d’exigence est suprême, il est bien évident, que chaque maillon est déjà très au-dessus du lot. Mais l’approche systémique magnifiée par les Suisses explique très bien que le tout est supérieur à la somme des parties dès que l’on dépasse deux ou trois briques…
Le niveau de sophistication technologique déployé par ces quatre machines est tout bonnement délirant. Un numéro entier de VUmètre n’y suffirait pas. Voilà pourquoi nous avons privilégié la description de la philosophie de la marque et nos sensations d’écoute plutôt que de décortiquer les appareils composant par composant. D’ailleurs, pour ceux d’entre vous qui souhaitent en savoir plus, le constructeur propose une description minutieuse de chacun d’entre eux sur son site Web et/ou sur sa magnifique plaquette imprimée que vous pourrez consulter à loisir.
Un peu de lecture
Tout commence avec le transport/lecteur CD/SACD. Pour l’avoir analysé en profondeur dans notre numéro 43 (septembre/octobre 2022), nous ne reviendrons pas sur ses détails techniques. Ce que nous pouvons en revanche ajouter, c’est que dans le cadre de ce système à quatre boîtes, le D1.5 ne joue plus que le rôle de transport. Il lit les disques optiques audionumériques, mais il n’assure plus aucune conversion N/A. Le signal quitte en effet l’appareil au format numérique en direction du convertisseur C1.2 ou moyen du câble CH Link. Il s’agit d’un produit propriétaire offrant une transmission numérique optimale des données conformes au Red Book. Le CH-Link est directement dérivé des solutions de transfert de données à grande vitesse et à large bande passante. Il est capable d’atteindre des débits de données de 10 Go/s, en utilisant des lignes différentielles à impédance adaptée. La prise du châssis et les terminaisons du câble sont entièrement blindées, ce qui, avec la conception du câble largement blindé, garantit un rayonnement minimal et une réjection maximale du bruit externe. La construction robuste assure des performances constantes et une longue durée de vie. En fonction de votre installation, vous pourrez lors de la commande demander une longueur de 1 m, 2 m, 3 m, 5 m ou 7 m.
Les bienfaits d’une bonne alimentation !
Anima sana in corpore sano : vous connaissez cette maxime ! Bien se nourrir, c’est la base du bien-être. Eh bien pour la hi-fi, c’est exactement la même chose. Une bonne alimentation est la base de tout. Si une nourriture saine est votre carburant, le courant électrique est celui de votre installation haute-fidélité. Il est donc vital d’y accorder le plus grand soin. Et l’expérience a montré que délocaliser ces circuits et les éloigner de ceux du trajet du signal ne pouvait être que bénéfique. Les sources, en particulier, car elles gèrent des signaux de très faible amplitude, sont encore plus sensibles à cet aspect des choses. L’alimentation externe X1 a été conçue pour offrir le meilleur courant possible à un, voire deux éléments de la gamme CH Precision. Pour ce faire, il suffit de préciser à la commande le nombre d’éléments associés, et le cas échéant, une deuxième sortie sera installée. La X1 procure un flux électrique absolument silencieux, grâce à une circuiterie réalisée exclusivement en composants discrets et présentant un niveau de régulation particulièrement sophistiqué. Bien sûr, la X1 comprend un filtrage copieux pour chacun des deux transformateurs toriques (le premier dédié à la section analogique et le second à la section numérique), chacun d’eux étant déjà largement surdimensionné. Car il est un fait établi qu’une alimentation fonctionne mieux si elle est importante. Néanmoins le revers de cette médaille, c’est que plus c’est gros, et plus ça vibre. Le constructeur a donc beaucoup travaillé sur l’aspect mécanique. Pour s’affranchir de l’influence néfaste des vibrations, l’équipe de la R&D a développé un très intelligent système de suspension. Toutes les parties internes susceptibles de produire des vibrations sont suspendues. Et pour que rien ne puisse être abîmé pendant le transport, toutes les machines sont maintenant équipées de butées mécaniques qui assurent le même rôle que des vis de blocage.
Laissez-vous convertir…
Le C1.2 est le successeur du C1. Non seulement il lui succède après onze bonnes années de loyaux services, mais en outre, le propriétaire d’un C1 peut le transformer en C1.2, en le renvoyant à la maison mère et en payant la différence de prix entre les deux appareils. L’obsolescence n’a pas sa place chez CH Precision !
Le C1.2 propose évidemment des prestations d’un autre monde. Son association avec le lecteur CH s’effectue grâce à la connexion propriétaire CH-Link HD qui permet le transfert de données DSD et MQA natives dans le domaine numérique. Les entrées AES/EBU et S/PDIF acceptent les données PCM jusqu’à une résolution de 192 kHz/24 bits, tandis que l’entrée de streaming HD accepte les données PCM jusqu’à une résolution de 768 kHz/32 bits et DSD512(8x).
La R&D de CH a parfaitement identifié les deux problèmes à éliminer dans le fonctionnement d’un convertisseur : le bruit et le jitter. Pour lutter efficacement contre ces phénomènes, elle a développé une horloge MEMS entièrement nouvelle dont le comportement thermique est parfaitement maîtrisé, ce qui améliore considérablement la précision du circuit global d’horloge.
Bien sûr, le constructeur conseille fortement de faire appel à ses options de synchronisation de référence grâce à son dispositif d’horloge externe, pour obtenir le meilleur résultat.
Par rapport au C1, le C1.2 a quadruplé sa puissance de traitement afin d’augmenter la compatibilité d’entrée pour inclure tous les formats numériques haute résolution, qu’ils proviennent de sources optiques ou de lecture de fichiers.
Le convertisseur numérique-analogique proprement dit utilise quatre puces de conversion par canal, dans une topologie entièrement différentielle et double mono.
L’étage de sortie analogique est intégralement discret, polarisé en pure classe A et couplé en courant continu.
Comme tous les produits CH Precision, le C1.2 et totalement configurable. En plus des entrées numériques AES/EBU, S/PDIF et TosLink, il peut être équipé de cartes d’entrée USB et d’une fonctionnalité de streaming grâce à une prise d’entrée spécifique Ethernet. En plus des différentes entrées numériques et des options de synchronisation, le C1.2 est équipé d’un véritable contrôle de volume hybride by-passable, fonctionnant à la fois dans les domaines analogique et numérique.
Enfin, une fonction optionnelle de conversion A/D permet au C1.2 d’accepter des entrées analogiques symétriques et/ou asymétriques, transformant le C1.2 en centre névralgique de votre système quelles que soient les sources utilisées.
Une question de temps
Le jitter, encore lui, a une fâcheuse tendance à se développer au moment de la transmission des informations dans le domaine numérique. Il est déjà important au sein d’une unique machine, mais dès que l’on utilise un transport et un convertisseur séparés, sa quantité peut augmenter de manière exponentielle. La solution la plus simple est de synchroniser les deux horloges, en désignant l’une d’elle comme « maîtresse » et l’autre comme « esclave ». Ce dispositif est déjà disponible chez le constructeur suisse au moyen des cartes optionnelles que l’on peut installer dans les différentes sources numériques. Mais la solution la plus efficace consiste à les synchroniser sur un point de référence unique, si possible délocalisé.
La T1 est construite autour d’un oscillateur haute fréquence 10 MHz OCXO, pour Oven Controlled X-tal(Crystal) Oscillator, qui signifie « oscillateur à quartz thermostaté ». Le terme désigne une technique régulant la température d’un oscillateur à quartz pour améliorer la précision de sa fréquence. En l’espèce, CH Precision stabilise la température de l’oscillateur en l’encapsulant dans un bloc d’aluminium isolé mécaniquement.
En portant une attention poussée à l’ingénierie physique et thermique du circuit OCXO en lui fournissant de multiples étages tampons et une alimentation sophistiquée, le constructeur dépasse les performances des horloges au rubidium sans les problèmes associés.
99 % des constructeurs utilisent des modules au rubidium. CH Precision s’y refuse au motif qu’ils contiennent des substances radioactives et que leur durée de vie est limitée à huit ans au maximum. Encore la volonté de maintenir des performances dans le temps sans limite.
Et pour garantir une précision absolue, la T1 se synchronise avec le réseau GPS, dont les satellites sont contrôlés par des horloges atomiques au césium, la source de temps la plus stable et la plus précise au monde.
L’utilisation de l’horloge externe T1 requiert l’utilisation d’un cordon spécifique équipé de connecteurs BNC. Le constructeur en propose un qui est réalisé par la marque de câbles Argento. C’est une préconisation, mais pas une obligation. Vous pouvez aisément utiliser le même cordon de votre marque favorite. Il suffit juste qu’il remplisse le cahier des charges nécessaire.
L’installation
Ne nous leurrons pas, la mise en œuvre d’un tel système requiert beaucoup de temps, de soins, d’attention, mais aussi de matériel. Juste pour poser les quatre éléments, il faut un meuble spécifique offrant quatre étagères larges, profondes et rigides. Nous avons pu installer le système CH Precision sur nos modules Centaure L. Une fois déballés et posés, il est nécessaire de régler l’assiette de chacun des quatre éléments afin qu’ils soient dans un plan parfaitement horizontal. L’opération est très simple grâce à l’intelligence de la conception du constructeur suisse. Tous les outils sont d’ailleurs fournis. Une fois installés, il convient de les connecter. CH fournit un câble propriétaire pour relier le D1.5 au C1.2. Idem pour relier ces deux appareils à l’alimentation et à l’horloge. À chaque fois, les connecteurs sont spécifiques. Pour nos essais, nous avons fait le choix d’une série complète de câbles en provenance d’Absolue Créations, mais aussi de Chord Co. Cela nous a permis d’appréhender les différences entre les deux constructeurs et de mieux cerner les produits. Durant les nombreuses semaines de test de cette source, nous avons essayé plusieurs amplificateurs très haut de gamme en provenance d’ASR, de Hegel, Jadis ou SPEC. Une fois le système parfaitement installé et arrivé à température, les comparaisons entre les différentes configurations sont faciles à réaliser grâce à l’application CH Precision et à la sophistication des menus. Seul un minimum de modifications des branchements est nécessaire. On constate donc avec plaisir que la manipulation au quotidien est simplifiée grâce à la pertinence de l’interface utilisateur.
Le son
Dans la mesure où le constructeur a érigé l’évolutivité en principe, il était bien évident que nous devions respecter à la lettre sa philosophie. Nous avons donc procédé progressivement, et écouté cette configuration en trois étapes. La première fut d’ajouter l’alimentation séparée au lecteur. La deuxième a consisté à substituer le convertisseur C1.2 au convertisseur interne du lecteur D1.5. La troisième et dernière étape a été l’introduction au sein du système de l’horloge T1 qui a permis de synchroniser le transport D1.5 et le convertisseur C1.2.
Nous ne reviendrons pas sur l’écoute du lecteur seul. À ce sujet, nous nous permettrons encore une fois de vous renvoyer à notre long article publié à la une de notre numéro 43.
D1.5 + X1 : bon sang mais c’est bien sûr !
Ajouter l’alimentation au lecteur n’en change absolument pas l’identité sonore. En revanche, cela la magnifie. D’ailleurs, pour analyser le bénéfice de cette opération, on pourrait presque raisonner ironiquement par soustraction. Reproduire un signal sonore et musical implique de perdre le moins possible d’informations lors du processus de transformation. La combinaison D1.5/X1 parvient à reproduire la même quantité de substance sonore que le D1.5, mais elle le fait mieux. Il y a tout simplement moins de perte de signal. Le recul du bruit de fond, la réduction des scories, ces infimes petites pollutions qui s’agrègent au signal et le rendent moins net, tout cela disparaît. L’apport de la X1 s’apparente à effectuer une mise au point infiniment plus précise grâce à une optique offrant une meilleure ouverture. Comme si le piqué de l’image et la profondeur de champ étaient sensiblement améliorés. Un peu comme si vous passiez d’un très bon zoom a une remarquable focale fixe. Étant plus serein, libéré d’un certain nombre de contraintes, le lecteur fonctionne avec plus de liberté et délivre une modulation indéniablement plus fluide, mais aussi plus véloce. Le suivi mélodique est bien meilleur. On peut individualiser les différentes lignes avec une aisance remarquable. Non seulement il n’y a aucune confusion à déplorer, mais en outre l’acuité avec laquelle est reproduite chaque partie de la partition est de très haut niveau.
Lorsque nous avons pris possession de ces quatre boîtes, nous nous sommes logiquement interrogés sur la pertinence de l’ordre d’évolution. Maintenant, nous comprenons mieux pourquoi le constructeur suisse propose en priorité d’ajouter une alimentation séparée avant toute autre adjonction. C’est celle qui permet « à moindre coût » de sublimer la performance du lecteur.
D1.5 + C1.2 + X1 : la quatrième dimension
En ajoutant le convertisseur numérique/analogique, le D1.5 change de statut ; de lecteur, il devient transport. On passe ainsi d’une conversion effectuée par un (excellent) circuit intégré à une conversion propriétaire de type R-2R. Et cette opération nous fait clairement basculer dans un autre univers. La philosophie de la restitution sonore est la même. Mais on sent bien que les moyens pour y parvenir sont sans commune mesure. Par conséquent, le résultat obtenu est nettement supérieur. Les premières secondes d’écoute sont à ce titre assez déconcertantes. Le cerveau fonctionne à toute vitesse pour tenter d’identifier quels sont les paramètres les plus frappants de cette évolution. Et ce qui l’emporte dans l’instant, c’est l’architecture de la scène sonore. L’introduction du C1.2 au sein du système a des répercussions immédiates sur l’image. On note d’emblée un niveau de profondeur tout à fait inhabituel. Avec une très bonne source numérique, on parvient à recréer un espace sonore tridimensionnel d’une grande crédibilité. Avec cette combinaison, on a l’impression d’être dans la salle d’écoute avec les musiciens, placé exactement là où l’ingénieur du son a installé ses microphones. Encore une fois, CH Precision parvient à nous faire changer de paradigme. La différence n’est pas importante, elle est considérable. Et ce qui est vraiment troublant, c’est cette montée en performance à laquelle nous ne sommes pas habitués avec la majeure partie des sources numériques. La scène sonore, donc, en tout premier lieu, puis immédiatement après, l’exceptionnel silence de fonctionnement. C’est parfois le problème des sources : un silence pas tout à fait aussi franc qu’on le souhaiterait. Sur les modèles véritablement haut de gamme, je vous l’accorde, c’est beaucoup moins flagrant. Mais ici, c’est indécelable. Ce sont des silences d’une profondeur inaccoutumée. Le son s’arrête totalement. Par conséquent, lorsqu’il reprend, il surprend presque par son énergie et sa vitalité. La musicalité se déploie donc avec un niveau de contraste assez surprenant. C’est pour cela que la reproduction de la dynamique est aussi palpable. Sur des accords plaqués violemment sur le clavier d’un piano, par exemple, la sensation est puissante. On s’y croirait. D’ailleurs, parfois on sursaute. L’alliance entre la fluidité harmonique et la puissance expressive que CH Precision parvient à reproduire est insurpassée à notre connaissance. Certaines sources numériques de très haut de gamme peuvent être plus expansives, d’autres plus baroques, d’autres encore capables de décortiquer avec plus d’insistance, mais aucune ne marie avec autant de beauté la lisibilité et la réactivité. Si la neutralité touche parfois à la quintessence, ici, nous sommes franchement à la bonne place pour y assister !
D1.5 + C1.2 + X1 + T1 : tout verrouiller pour plus de liberté
La grande difficulté de ce type d’article, c’est d’arriver à traduire avec des mots ce que nous avons pu ressentir pendant des centaines d’heures d’écoute. La narration n’est pas toujours évidente à structurer car les idées qui succèdent aux sensations sont multiples. Néanmoins, jamais la notion de quadrature du cercle ne nous a semblé aussi évidente. En théorie, l’horloge externe assure une parfaite connexion entre le transport et le convertisseur. Elle fait en sorte que les deux entités travaillent avec une collaboration absolument parfaite. Mais comme nous avions déjà l’impression de toucher à la perfection, nous étions ultra dubitatifs. Il faut pourtant bien se rendre à l’évidence, l’utilité de cette quatrième boîte s’impose. Le T1 effectue son travail de synchronisation avec une perfection qu’il est rare de rencontrer.
Pour tenter de vous faire comprendre le plus clairement possible notre ressenti, c’est comme si cette T1 constituait la pièce finale d’un gros puzzle. Sur 1 000 pièces, une manquante, ce n’est rien… Mais l’œil ne remarque que cela. Quand vous branchez tout le système avec cette horloge, il se passe quelque chose de magique. À ce stade, sur les bons enregistrements (et il est très important de le souligner), les machines disparaissent totalement. Ahmad Jamal est venu vous faire une petite visite de courtoisie. Par bonheur, il a amené son piano et ses musiciens. Billie Eilish est passé partager l’apéritif. Nous ne devrions pas le dire, mais nous avons fait une petite soirée improvisée avec la meilleure sono du monde. Jamais vous n’avez entendu Daft Punk comme cela. Ce son est extraterrestre.
Un test des plus redoutables consiste à n’écouter que des extraits purement acoustiques : piano seul, opéra, quatuor à cordes, symphonie, vous n’avez que l’embarras du choix… Cela peut également être un trio de jazz, ou une pièce de musique originale comme le dernier disque de Joël Grare (Des pas sous la neige chez Alpha) ou un Hadouk Trio. C’est vraiment sur une pièce sans fard que vous percevrez la substantifique moelle de la musique enregistrée. La triche n’est pas possible. Un piano est un piano. Une percussion idem. Sur ce type de message, notre quatuor CH Precision fait vraiment toute la différence. Nous pourrions épiloguer sur des paragraphes entiers pour décrire la largeur de la bande passante, son absolue rectitude, un naturel d’un autre monde, une dynamique rarement rencontrée, mais au final, nous prendrions le risque de vous noyer sous les superlatifs (ce qui est peut-être déjà fait) et ce serait le contraire du but recherché, car la grande force des CH Precision, c’est avant tout la justesse, la pertinence, la juste quantité de matière sonore dans les justes proportions au juste moment. Voilà, tout est là, justesse, naturel, contrôle, timing. Et tout le reste n’est que littérature.
Notre conclusion
La première chose sur laquelle nous souhaitons insister, c’est que ce genre de produits nous propulse dans un univers que l’on ne fréquente que rarement. La plupart des auditeurs, même parmi les plus avertis, n’a souvent pas conscience du degré de précision et de pureté que l’on peut extraire d’enregistrements que l’on croit connaître par cœur. C’est une expérience qu’il est difficile de concevoir tant que l’on ne l’a pas vécue. Même pour des anciens de la profession comme nous, les performances sidérantes d’une telle source peuvent vous laisser songeur. Seules les meilleures réalisations mondiales vous feront visiter un tel territoire. Nous pensons notamment à des machines comme celles de dCS, MSB et Linn avec lesquelles nous avons pu ressentir un niveau de performance à peu près comparable.
Ces appareils sont hors de notre portée financière, même avec une très grosse réduction. Mais c’est justement peut-être pour cela que le mythe qu’ils incarnent est aussi vivace. Ayant eu le grand privilège de vivre en leur compagnie pendant quelques mois, nous savons pertinemment qu’ils se situent au-dessus du lot. Les visiteurs qui n’ont pas manqué de venir les écouter dans notre auditorium pendant ce laps de temps peuvent en témoigner avec des trémolos dans la voix…
Ce qui est vraiment étonnant avec cette source, c’est que le contrôle du message est tel que l’on a l’impression que notre amplificateur est beaucoup plus puissant qu’il ne l’est en réalité. Le signal injecté à l’amplification est tellement large, tellement global, tellement exhaustif, que l’électronique semble totalement soulagée.
Nous avons la chance de travailler dans ce domaine depuis de longues années, et nous sommes relativement bien équipés. Aussi voyons-nous généralement les appareils repartir sans trop d’état d’âme. Mais pour la circonstance, ce ne sera pas le cas. Le vide laissé par les quatre CH est notable, et pendant plusieurs jours, nous n’écouterons que du vinyle, histoire de ne pas faire de comparaison !
FICHE TECHNIQUE : CH PRECISION X1
- Origine : Suisse
- Prix :
- 35 600 € (D1.5) / 16 000 € (X1)
- 32 850 € (C1.2) / 23 200 € (T1)
- Dimensions : 440 x 440 x 133 mm
- Poids : 20 à 22 kg
FICHE TECHNIQUE : CH PRECISION D1.5
- Fréquence de réponse : CC – 20 kHz pour CD / CC – 50 kHz pour SACD
- Niveau des sorties analogiques pleine échelle :
- 4V RMS équilibré
- 2V RMS asymétrique
- Plage dynamique : > 96dB pour CD et > 120 dB pour SACD
- Rapport signal sur bruit : > 120 dB pour CD et SACD
- Distorsion Harmonique Totale + Bruit : < 0,002 % pour CD < 0,0015 % pour SACD
FICHE TECHNIQUE : CH PRECISION C1.2
R-2R linéarisé, 4x PCM1704 par canal
24 bits / 705,6 kHz et 768 kHz
- Traitement DSP : Échantillonneur CH-PEtER, synchrone, conversion DSD vers PCM et amplificateur de résolution
- Niveau des sorties analogiques :
- 5.1V RMS équilibré
- 2,55 V RMS asymétrique
- Rapport signal sur bruit : > 120 dB
- Distorsion Harmonique Totale + Bruit : < 0,001 %, pleine échelle, bande passante 22 kHz
FICHE TECHNIQUE : CH PRECISION T1
- Fréquence nominale : 10 MHz, +/- 20 ppb, mode interne 10 MHz, +/- 1ppb maximum, option GPS verrouillée pendant 1 heure
- Performances en bruit de phase :
- < -105 dBc/Hz à 1 Hz
- < -125 dBc/Hz à 10 Hz
- < -145 dBc/Hz à 100 Hz
- < -155 dBc/Hz @ 1 kHz
- < -165 dBc/Hz @ 1 kHz et plus
- Niveau des sorties : 500 mV ou 1 V, crête à crête, chargé avec 75 Ω Onde sinusoïdale ou carrée 6 sorties BNC 75Ω
- Niveau d’entrée de référence externe :
- 5V TTL
- Entrée BNC 50Ω
- Fréquences d’entrée de référence acceptées : 1 PPS, 44,1 kHz, 48 kHz, 88,2 kHz, 96 kHz, 176,4 kHz, 192 kHz, 100 kHz
- Écart de fréquence d’entrée de référence maximum : +/- 0,1ppm
Paru dans VUMETRE n° 45
VUMETRE N°45
Janvier – février 2023 Version papier : 10 € (frais de port inclus) / Version digitale : 7 € Outre le plaisir de découvrir les nouveautés liées à votre passion et l’activité de l’industrie audio, nous vous proposons deux formats :