Artiste : Alain Kan
Album : Heureusement en France, on ne se drogue pas
Label : Disques Motors
Lien : www.youtube.com/watch?v=sZsA-cCWPXU&list=RDsZsA-cCWPXU&start_radio=1
Style : Chanson Française, Rock
Alain Michel Zisa est un artiste français presque aussi culte que méconnu. Trop en avance sur son temps pour certains, trop marginal pour d’autres, il parle ouvertement de son homosexualité et de sa consommation de drogue, ce qui lui vaut à l’époque d’être tout simplement censurée par le système médiatique. Pour rajouter à sa légende, il disparaît littéralement en 1990 après avoir été aperçu une dernière fois sur le quai d’une station de métro ; il fut déclaré mort dix ans plus tard sans que personne n’ait jamais pu expliquer ce qu’il était advenu de lui. N’ayant pas connu son père, il prend le nom de son beau-père et devient le beau-frère de Christophe lorsque celui-ci épouse sa demi-sœur Véronique. Il commence sa carrière au début des années 60 avec quelques simples et maxi, reprises de succès anglo-saxons dans un style variété, qui n’auront pas trop d’écho. Sur les conseils de Dani, il intègre la revue de l’Alcarzar en incarnant un personnage d’allure androgyne : Amédée Jr. Là, il rencontre des artistes établis comme Serge Gainsbourg ou Barbara. À cette période, l’un de ses titres est censuré pour la première fois, il s’agit de « Mon p’tit photographe », écrit pour Dani.
Peu à peu, son style « chanson cabaret » évolue vers un Glam-Rock fortement inspiré par la Pop anglaise de l’époque, tout particulièrement par David Bowie, qu’il dit avoir fréquenté pendant quelques jours lors d’un voyage en Angleterre et dont il reprend souvent des titres. Son premier album Et Gary Cooper s’éloigna dans le désert… parait en 1975 et connait la participation de l’ancien membre de Magma, Laurent Thibault. Le disque n’a qu’un faible retentissement, trop loin de la variété et trop subversif dans ses textes. Alain Kan réitère toutefois l’expérience l’année suivante avec Heureusement En France, On Ne Se Drogue Pas, qui reste dans le même esprit Glam, mais avec des morceaux plus longs où s’intègrent des pointes de sonorités attribuable au psychédélisme, ou qui laisse en tout cas une place plus importante aux possibilités offertes par le studio, comme dans la musique de Jacques Higelin durant la même période. D’ailleurs, c’est bien à Jacques Higelin que l’on pense lors de l’écoute du titre « Dracula ». Alain Kan y fait preuve de grandes capacités d’interprétation, passant d’un chant harmonieux et léger à une voix pleine de colère ou un parler presque irréel lorsqu’il reprend « Les Blouses Blanches » d’Édith Piaf. Bien que pas forcément destiné à rencontrer un large public, les titres ayant des paroles centrées sur des substances illicites ont valu à ce disque la censure, avec pour conséquence une diffusion très limité. Pour l’album d’après il fait un pas de plus vers le punk naissant et par pure naïveté ou par provocation assumée, l’artiste fait encore plus fort dans l’outrance. Voulant s’en moquer, il intègre des extraits d’un discours d’Adolf Hitler. Évidemment, la censure ne pardonne pas : le disque est passé au pilon.Aujourd’hui, on retrouve à écouter sur les sites de streaming ses trois premiers albums -cités dans cette chronique- pour le label Motors et Heureusement En France, On Ne Se Drogue Pas se trouve relativement facilement en vinyle. Nous pouvons donc nous plonger dans une époque en pleine transition, auprès d’un artiste entier et habité, figure de l’underground en France, proche de Daniel Darc ou de Fred Chichin des Rita Mitsouko.











