Après avoir surpris la communauté audiophile avec ses excellentes platines tourne-disques, le constructeur britannique propose depuis peu leur prolongement logique, en l’espèce un préamplificateur phono. Le Phono 1 est très compact, mais il est complet, et qui plus est fort musical pour un prix abordable.
Grand utilisateur de plexiglas, Vertere en a adopté une belle tranche pour parer son Phono 1 d’une façade originale. Mais en dehors de l’aspect purement esthétique, cette matière apporte un amortissement mécanique au petit coffret de ce préamplificateur phono. Le reste du boîtier est en aluminium. La façade comporte un interrupteur de mise sous tension comme unique organe. Le coffret repose sur quatre petits pieds en polymère transparent dur.
Le concepteur britannique nous explique que la conception de l’étage phono est difficile, car le circuit doit fonctionner avec le minuscule signal émanant de la cellule qui n’est généralement que d’une fraction de millivolt. Il doit être amplifié proprement mille fois et égalisé selon la courbe RIAA exacte afin de reproduire fidèlement la musique enregistrée. Le Phono 1 est conçu pour atteindre cet objectif, même dans des systèmes de lecture de vinyles de très haute qualité. L’empreinte compacte du circuit principal maximise la plage dynamique et offre une résolution de détails suprême.
À l’intérieur, le coffret est séparé en deux parties égales par une cloison transversale. Sur la partie gauche on retrouve l’alimentation basée sur un généreux transformateur torique encapsulé dans une pellicule de plastique nervuré. Ainsi à l’abri des rayonnements, il ne peut polluer les fragiles signaux audio qui transitent dans la partie adjacente.
Ces derniers sont implantés sur des circuits imprimés plaqués or de haute qualité. Vertere n’utilise que des composants discrets solidarisés sur les pistes du circuit à l’aide d’une soudure spéciale, offrant des performances optimales constantes et à long terme. La section purement RIAA est blindée par un petit carter en acier inoxydable.
L’installation
La première partie de l’installation est extrêmement simple puisque le Phono 1 comporte juste deux paires de prise RCA pour l’entrée et la sortie, et une prise IEC pour le branchement du cordon secteur. En revanche, et c’est une excellente nouvelle, un sélecteur de terre offre les options de connexion Hard Ground, Ground Lift ou Soft Ground du préamplificateur et du châssis, permettant d’optimiser le ronflement en cas d’incompatibilité avec l’amplificateur associé.
Concernant la compatibilité avec les différentes cellules, le Phono 1 propose une multitude de réglages par l’intermédiaire de mini-sélecteurs situés sous l’appareil. Les cellules à bobine mobile peuvent ainsi être ajustées de 78 à 1 450 ohms. Le gain peut être déterminé de 45,4 à 61,4 dB. Enfin, la capacité est réglable de 0,22 à 1,02 uF.
Concernant les cellules à aimant mobile, la charge de 47 kilo-ohms est associée à une capacité de 100 ou 430 pF.
Le son
Il est très étonnant de voir un aussi gros son émaner d’une si petite boîte. Le Phono 1 donne à la musique analogique pressée sur vinyle une excellente respiration. Si l’on devait se livrer au petit jeu du souvenir, on aurait presque l’impression d’écouter une vieille électronique Naim, ce qui est totalement paradoxal et ironique étant donné la concurrence que se sont livrés les deux constructeurs (Touraj et Julian) il y a déjà plus de 30 ans. En effet, le Phono 1 nous offre de belles capacités à moduler à tous les niveaux de façon à laisser les musiciens s’exprimer, à la manière d’une performance « live ». Cette palette de nuances n’est pas pour rien dans la sensation de liberté qui se dégage de cette électronique décidément pas comme les autres. Le grand plaisir que l’on a à écouter le Phono 1 est notamment lié au sentiment d’aération et d’aisance qu’il procure, à cette sensation de modulation. Au lieu d’analyser froidement le message sonore, il adopte une exceptionnelle perspective musicale de l’interprétation. Fluide, harmonieux, il propose un équilibre tonal de très haut de gamme, tout à fait expressif, qui semble finalement assez peu en rapport avec son prix affiché. Voilà un appareil visiblement conçu pour le mélomane éclectique dont la collection de disques l’emporte sur le prix de son système.
Le registre aigu n’en fait jamais trop, transparent et parfaitement à sa place. Sans coloration, il est subtil sans jamais se montrer dur. Le médium occupe une place centrale, tout en affichant une présence manifeste. Il fait preuve d’une excellente homogénéité et peut se reposer sur un grave profond toujours impeccablement contrôlé.
Notre conclusion
Pour avoir fait notre petite enquête, nous savons que cet appareil a pas mal défrayé la chronique outre-Manche, sur ses terres d’origine. Les testeurs locaux n’ont pas hésité à le comparer à des produits deux à trois fois plus chers que lui. Il est vrai que son écoute est totalement surprenante, tant le Phono 1 procure une image stéréo absolument somptueuse et un sens inné de la modulation. C’est un appareil qui parle presque plus au cœur qu’à la raison, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Nouveau venu tout à fait épatant dans un paysage bien peuplé, le Phono 1 mérite toute votre attention. Une proposition inédite véritablement intéressante.
FICHE TECHNIQUE : VERTERE Phono1 (amplificateurs – préamplificateurs phono hifi)
- Origine : Grande-Bretagne
- Prix : 1 069 €
- Dimensions : 210 x 55 x 235 mm
- Poids : 2 kg
- Paramètres de gain : 40,2 dB à 62,8 dB
- Paramètres d’impédance d’entrée : 47k pour MM – 78 à 47K pour MC
- Capacitance : 470pF pour MM – 100pF à 1,02uF pour MC
- Fréquence de réponse : 20 Hz – 20 kHz +/- 0,2 dB
- Rapport signal/bruit THD-N : < -78dB – AWD
Paru dans VUMETRE n° 37
VUMÈTRE N°37
Septembre-octobre – 2021 Version papier : 10 € (frais de port inclus) / Version digitale : 7 €
