Dernier amplificateur intégré présenté par Accuphase, le E-280 bénéficie de toutes les avancées des autres modèles, tant sur la partie préamplificatrice et sa gestion de volume AAVA que sur l’amplification de puissance, en structure double-mono. De taille et de puissance plus modestes que les plus gros produits de la marque, il surpasse le précédent E-270 et offre une belle entrée dans le monde de la haute fidélité japonaise, à même de développer une remarquable matière avec la grande majorité des enceintes.
Plus petit amplificateur d’Accuphase, le E-280 garde la façade couleur champagne emblématique à la marque, autour d’une vitre dans laquelle se trouvent les deux vumètres à aiguilles, visibles sur tous les appareils en classe A/B, à présent étendus de -40 à -50 dB. Moins épais que les autres modèles, il ne bénéficie toujours pas de trappe et laisse apparents tous les boutons de réglages, de la sélection des deux paires d’enceintes disponibles à la gestion des basses et des aigus, rares sur de tels produits en dehors de ceux des fabricants japonais. Il offre aussi le réglage de la balance, ainsi qu’une fonction mono. La gestion d’enregistrement est réalisable par une entrée REC et une sortie PLAY, même si la majorité des utilisateurs se tourneront exclusivement vers les entrées analogiques, cinq asymétriques (RCA) et une symétrique (XLR). Une sortie permet également de n’utiliser que la partie préamplificatrice et une entrée de ne garder que la partie amplificatrice.
À toutes ces connectiques peuvent encore s’intégrer deux cartes optionnelles, tout simplement pour l’ajout d’une entrée asymétrique (LINE-10), d’une entrée phono MM/MC (AD-50), ou surtout pour apporter trois entrées numériques grâce à la nouvelle carte DAC-60, basée sur une puce de conversion ES9016K2M. Toutes ces options peuvent ensuite se gérer grâce aux molettes déjà intégrées à la face avant.
À l’intérieur, les améliorations proviennent de celles apportées aux gammes supérieures, et si le E-280 maintient deux condensateurs de filtrage déjà poussés à 30 000 μF sur la précédente génération, la structure double-mono en est encore améliorée, pour une disposition à présent parfaitement symétrique des unités dédiées aux canaux gauche et droit. Au centre, le transformateur à haut-rendement s’associe aux blocs de puissance de chaque côté, dont les étages de sortie sont constitués de deux transistors bipolaires en double configuration push-pull parallèle. La puissance nominale établie à 90 W peut alors culminer jusqu’à 105 W sous 8 ohms et 150 W sous 4 ohms. Dans le même temps, le bruit diminue de 12 % à 36 μV par rapport à celui du E-270 et le facteur d’amortissement gagne 25 % et passe à 500 grâce aux commutateurs MOS-FET. La gestion du volume voit encore s’améliorer la technologie brevetée AVAA (Accuphase Analog Vari-gain Amplifier) avec à présent une combinaison de seize circuits de conversion V-I à gains différenciés, eux aussi parfaitement parallèles pour traiter indépendamment chaque canal sans utiliser de résistances variables, et ainsi gagner encore en précision. La nouvelle télécommande RC-250, massive et de couleur champagne comme le E-280, est livrée de série et permet de contrôler les entrées, le volume et un éventuel lecteur CD de la marque – pourquoi pas le tout nouveau DP-450, dont nous parlerons prochainement.
L’installation
Sans y ajouter de cartes phono ou numérique, l’Accuphase E-280 est déjà un amplificateur intégré complet sur la partie analogique et très ergonomique. Moins haut que ses confrères, il reste plus discret et ne nécessite que d’être posé sur une surface plane à faible vibration, en plus si possible d’être branché au secteur avec un câble supérieur à celui fourni. La différence reste flagrante. Les câbles HP peuvent être intégrés avec fourches ou fiches bananes, tandis qu’il faut enlever les bouchons en plastique de chaque entrée avant d’ajouter les câbles de modulation des sources, RCA ou XLR.
Allumé en façade, l’appareil se montre d’une grande simplicité d’utilisation. La molette de gauche permet d’y sélectionner immédiatement n’importe quelle entrée, même celles des cartes en options, tandis que la molette de droite permet d’ajuster le son. Ces deux possibilités sont également disponibles avec la télécommande, elle aussi très ergonomique. Grâce à CTA Perception, nous avons pu écouter le E-280 sur différentes configurations, face à des amplificateurs concurrents inférieurs ou de mêmes gammes, et surtout au plus gros E-380.
Le son
L’identité d’une marque comme Accuphase ne permet aucune confusion : le E-280 est la porte d’entrée dans ce monde. Par rapport à des amplificateurs plus petits, voire de même catégorie, développés par de nombreux fabricants souvent plus à l’aise dans la gamme inférieure, le E-280 permet de changer d’univers sonore. Il creuse un fossé avec les appareils moins chers, tant par la perception directe d’un son plus vif que par une scène beaucoup plus aérée et bien mieux étagée. Les voix prennent du volume, gagnent en matière, quand l’image se structure et apporte une multitude de détails souvent intouchables auparavant. Les chanteuses de blues s’arrondissent, les graves des rockers avancent et reculent puis explosent plus. Par la même occasion, les bruits de fond s’effacent et le son gagne en naturel pour procurer une véritable sensation de réalisme. En comparaison directe, l’intégré Luxman d’entrée de gamme peut montrer plus de rondeur et l’Accuphase E-380, à 2 000 € de plus que le E-280, emmène ces impressions encore plus loin, améliore à nouveau les timbres et affirme plus de netteté au deuxième plan, pour un signal encore moins brouillé, notamment dans les grandes masses symphoniques. Pour autant, le E-280 emmène déjà suffisamment loin un grand nombre d’enregistrements, sans non plus nécessiter une qualité de gravure parfaite, comme l’imposent les produits encore plus précis.
Le fait de monter en gamme sur les sources (pour notre essai jusqu’au sublime lecteur CD DP-570 à 10 090 €), comme avec des enceintes plus énergivores, démontre quelle réserve de précision le E-280 peut apporter, ainsi que sa puissance instantanée pour dynamiser la majorité des enceintes bibliothèque et une grande partie des enceintes colonnes. Les timbres conservent une totale cohérence sur le haut du spectre, car le E-280 maîtrise la définition et donc les nuances sur une très large plage de fréquences.
Conclusion
Avec toutes les qualités du fabricant nippon, notamment la rapidité du son et une très grande diminution des bruits de fond, le E-280 reste, à l’image de son physique, la porte d’entrée dans le monde d’Accuphase. Sans être aussi abouti que le E-380, il offre déjà toute la scène sonore, le naturel et l’espace pour faire pénétrer l’auditeur dans la très haute-fidélité, lorsque l’on ne recherche plus juste de la musique ou du son, mais aussi les véritables effets de la réalité. D’un niveau de finition irréprochable, il permet d’aborder un univers musical encore impossible au-dessous. Cerise sur le gâteau, alors qu’en fin de vie le E-270 avait baissé de 500 € pour redescendre juste sous le plafond de 5 000 €, le E-280 a gardé le même prix et coûte à ce jour toujours 4 990 € !
FICHE TECHNIQUE : ACCUPHASE E-280 (amplificateurs – amplificateurs intégrés hifi)
- Origine : Japon
- Prix : 4 990 €
- Dimensions : 465 x 151 x 420 mm
- Poids : 20,4 kg
- Type d’amplification : Classe A/B
- Puissance nominale :
- 2 x 90 W sous 8 ohms
- 2 x 120 W sous 4 ohms
- Taux de distorsion harmonique (THD) : 0,05 %
- Réponse en fréquence : 20 Hz à 20 kHz (+/-0,5 dB)
- Rapport signal/bruit : 96 dB (symétrique) ; 107 dB (asymétrique)
Paru dans VUMETRE n° 38
VUMÈTRE N°38
Novembre – décembre 2021 Version papier : 10 € (frais de port inclus) / Version digitale : 7 €
