Le SU-R1000 est le premier amplificateur intégré de la Série R. Il dérive très étroitement du préampli-convertisseur et de l’impressionnant bloc de puissance qui, il y a quelques années, signaient le renouveau de la marque. Le SE-R1 lancé en 2014 intégrait en effet de nouvelles technologies originales telles que le LAPC et le JENO. Entre-temps, le constructeur japonais a remis la pression sur le terrain des platines analogiques avec une offre rajeunie et élargie. Pas étonnant que ce nouvel intégré soit doté d’une entrée phono au spectre panoramique.

Dans ce créneau très convoité du haut-de-gamme, la plupart des amplificateurs sont analogiques. Leurs technologies sont considérées comme totalement établies, voire conservatrices. À l’inverse, les amplificateurs numériques ont encore un grand potentiel de développement car les progrès techniques rapides de ces dernières années ont permis un traitement des signaux de haute précision.
Pour toutes ces raisons, le constructeur japonais, qui a toujours été particulièrement pragmatique, se consacre au développement de la technologie des amplis numériques depuis 2014.
Avec le SU-R1000, il cherche par ailleurs à faire progresser sa technologie, notamment avec le procédé ADCT (Active Distortion Cancelling Technology) couplé aux LAPC et JENO. Ce système d’alimentation à découpage sert à extraire et éliminer avec précision la distorsion dans l’étage de puissance causée par la force contre-électromotrice des haut-parleurs et les chutes de tension de l’alimentation.

Pour cela, il peut s’appuyer sur un nouveau système d’alimentation à découpage « Advanced Speed Silent Power Supply » composé de quatre sections indépendantes. Le SU-R1000 utilise des unités d’alimentation séparées pour les circuits analogiques et les circuits numériques dans l’étage de préamplification. Il adopte également des unités d’alimentation séparées pour les canaux droit et gauche dans l’étage d’amplification de puissance qui demandent une grande puissance électrique. Avec les quatre blocs d’alimentation indépendants, le SU-R1000 empêche les interférences induites par la ligne d’alimentation entre les blocs de circuits et réalise un rapport S/B élevé.
Au sein de l’étage de puissance de l’amplificateur, Technics utilise un étage driver à transistor GaN (nitrure de gallium) FET à basse résistance. Cela permet la fabrication d’une amplification de puissance en configuration simple push-pull, permettant de réduire le circuit du signal, et garantissant une excellente linéarité, quel que soit le niveau sonore.
Cela nous rappelle les amplis AGD que nous avons pu tester il y a quelques mois.
Et afin de proposer une offre exhaustive, il dote le SU-R1000 d’un égaliseur phono intelligent, qui utilise une technologie numérique spécialement développée pour obtenir une courbe d’égalisation précise et améliorer la diaphonie de la cartouche et la réponse en fréquence.

L’installation
Le SU-R1000 est un amplificateur inhabituellement silencieux, que ce soit sur ses multiples entrées numériques ou sur l’entrée phono.
L’égaliseur phono intelligent intégré dans le SU-R1000 propose différentes fonctions qui peuvent être activées ou désactivées selon les préférences de l’utilisateur. La courbe d’égalisation précise est obtenue par un système hybride analogique-numérique. Le filtre passe-bas (LPF) à gain élevé effectue le traitement analogique, et les hautes fréquences sont augmentées après la conversion A/N. L’annulateur de diaphonie mesure la caractéristique de diaphonie de la cellule en utilisant le signal de mesure de diaphonie enregistré sur le registre d’étalonnage fourni avec le SU-R1000. Il effectue par la suite une correction inverse en utilisant le DSP intégré pour obtenir une amélioration significative de la caractéristique de diaphonie. Enfin, l’optimisation de réponse mesure la caractéristique de fréquence de la cellule en utilisant un signal TSP (Time Stretched Pulse) mémorisé sur l’enregistrement d’étalonnage groupé, et corrige la perturbation caractéristique. Elle atténue l’effet de l’adaptation d’impédance entre la cellule et l’égaliseur phono.

Le son
Si l’on s’en tient à des critères techniques pragmatiques et modernes, cet amplificateur coche toutes les cases de la réussite : une alimentation hyper moderne avec quatre différentes sections et un schéma d’amplification propriétaire en classe D. Bien sûr, cette technologie ne fait pas l’unanimité, loin s’en faut. Mais il faut lui reconnaître la suprématie en termes d’efficacité et de rendement. Et sur ce terrain, le nouveau Technics est très réussi. Il pilote les enceintes acoustiques avec une maîtrise tout simplement étonnante. Nous l’avons connecté à divers transducteurs, de l’enceinte électrodynamique traditionnelle aux panneaux isodynamiques, et à chaque fois, il a su nous prouver à quel point il était tout simplement insaturable et pratiquement impossible à mettre en défaut. Cette sensation d’aisance, on la retrouve également dans le registre grave qui s’exprime avec une force et une précision véritablement exceptionnelles pour le prix. Pour être tout à fait franc, on s’attendait même à une envolée encore plus lyrique sur ce terrain. Mais le Technics a le bon goût de rester toujours sous contrôle et ne fait absolument pas de surenchère. Voilà un appareil qui ne cherche pas à proposer une écoute spectaculaire. Il est extrêmement dynamique, certes, mais n’en fait jamais trop. Nonobstant, les basses octaves sont fouillées avec une application inattendue. On perçoit dans l’extrême grave des informations particulièrement ténues sur des messages chargés, mais qui émergent avec une évidence frappante. C’est l’un des grands charmes de cet appareil : une aptitude à mettre en lumière ce que d’autres laissent dans l’ombre. C’est sur ce terrain de la subtilité et de la finesse que l’on mesure à quel point la classe D a considérablement progressé avec le temps. Jamais le son ne paraît monolithique ou figé. Il est au contraire d’une grande variété. Plus on alterne les styles musicaux différents, plus on aborde des facettes intéressantes délivrées par un amplificateur qui offre un spectacle sonore beaucoup plus subtil que ce que son aspect esthétique pourrait laisser penser. Bien sûr, on a la puissance brute (totalement contrôlée), mais surtout on assiste à une ouverture et à une légèreté inaccoutumées. Les timbres sont tout à fait naturels, jamais entachés de la moindre coloration. Par conséquent, le SU-R1000 pourra se marier avec un très grand nombre de partenaires sans jamais apposer sa patte. Lorsque l’on essaye sa section convertisseur, on découvre le même type de qualités tant sur le plan de la spatialisation que sur celui de la subtilité harmonique. On peut dresser le même bilan avec l’exceptionnelle entrée phono dont la versatilité est étonnante. Nous avons pu faire des essais avec différentes cellules (Nagaoka MP-150, Dynavector DV XX2, Denon DL-A110, Audio Technica ART9 X). Dans chaque cas de figure, on obtient un réglage fin qui permet de tirer pleinement partie de la cellule.

Notre conclusion
À l’heure du bilan, ce nouvel amplificateur intégré propose beaucoup de qualités pour un tarif relativement contenu lorsqu’on le compare à ses concurrents. Ne vous fiez pas à son physique de bodybuilder, voilà un appareil qui travaille tout en finesse. Il en est même déstabilisant. Ses détracteurs y verront un manque de personnalité. Pour notre part, nous penchons plutôt pour une volonté de rester le plus neutre possible. Étant donné les états de service des autres électroniques de la marque japonaise, cela semble couler de source.
FICHE TECHNIQUE : TECHNICS SU-R1000 (amplificateurs intégrés hifi)
- Origine : Japon
- Prix : 8 000 €
- Dimensions : 430 x 191 x 459 mm
- Poids : 22,6 kg
- Puissance de sortie :
- 2 x 150 W (1 kHz, T.H.D. 0,5 %, 8 Ω, 20 kHz LPF)
- 2 x 300 W (1 kHz, T.H.D. 0,5 %, 4 Ω, 20 kHz LPF)
- Impédance de charge : de 4 à 16 ohms
- Réponse en fréquence : de 5 Hz à 80 kHz (-3 dB, 8 Ω)
- Sensibilité entrée phono MC : 2,5 mV/47 kΩ
- Sensibilité entrée phono MM : 300 uV/100 Ω
- Sensibilité entrée ligne : 200 mV/22 kΩ
Paru dans VUMETRE n° 36
VUMÈTRE N°36
Juillet-aout – 2021 Version papier : 10 € (frais de port inclus) / Version digitale : 7 €