Un lecteur réseau made in France ? Voilà qui était suffisant pour nous intriguer. Car si nos équipes sont friandes de DAC high end, de transports CD d’exception ou de baladeurs haute résolution, nous sommes avant tout mus par la passion du beau son. Un leitmotiv que partage sans doute Octavio, jeune pousse française qui entend bien s’implanter, elle aussi, grâce au Stream. Nous voici donc en présence d’un lecteur réseau audiophile bien né et bien pensé, que nous étions impatients d’essayer !
Fondé en 2018 à Lille, France, Octavio est né, comme bon nombre d’inventions, d’une frustration. Celle de deux amis étudiants, David et Victor, mélomanes à leurs heures perdues, dans l’incapacité d’apprécier les joies de la musique connectée sur leur système, vintage certes, mais de qualité. La solution ? Un lecteur réseau bien-sûr ! Mais si l’offre en haut de gamme se veut conséquente (du fameux Bluesound Node au majestueux dCS Lina, testé dans le dernier numéro ), il est bien difficile, pour les moins fortunés, de trouver chaussure à son pied. Un écueil auquel nos deux compagnons font face en développant leur propre lecteur réseau maison.
Une idée originale, qui prendra forme dans leurs appartements, avant de prendre vie – sous forme de prototype – dans l’incubateur de la Plaine Images, véritable hub européen consacré aux industries créatives. Une gestation d’un an, de janvier à décembre 2019, jusqu’à la création d’un premier système : le Streamer Octavio.
En mars 2020, tout s’accélère. Grâce à une campagne Kickstarter couronnée de succès, Octavio quitte la phase de concept pour devenir une véritable marque, prête à offrir au monde le fruit de ses efforts : un lecteur réseau compact, pensé et assemblé en France, capable de s’associer aussi bien à un ampli qu’un DAC dédié, à prix condensé.
Un projet audiophile véritablement porteur de sens, soutenu par une équipe jeune, au fait des nouveaux enjeux climatiques et technologiques du premier au dernier kilomètre, notamment grâce au carton d’emballage Hipli conçu pour être renvoyé et réutilisé !
Et si, jusqu’alors, nous suivions l’affaire à distance, décision fut prise un beau matin de poser une oreille plus attentive : tient-on enfin notre pépite française du réseau ?
Présentation d’Octavio Stream
Dans la droite lignée d’un Google Chromecast Audio, l’Octavio Stream joue la carte de la simplicité et de la sobriété. Un châssis en plastique recyclé à la finition bitonale, noir et blanc, une unique prise USB-C pour l’alimentation, une sortie jack 3,5 mm qui se double en mini Toslink, et deux boutons de contrôle directement accessibles sur la façade supérieure.
Une présentation sans fioritures, donc, guidée par la volonté de proposer une conception 100 % française : le boîtier est moulé et assemblé dans le nord de la France, la tempographie réalisée en Haute-Savoie, la visserie dans le Rhône. Même le manuel sort lui aussi d’un imprimeur sis dans l’Hexagone, à Villevieille (Gard) plus précisément. Seule limite à ce système, la carte électronique, produite quant à elle en Asie, continent indétrônable dans ce secteur de très haute technologie.
Pour cette dernière, Octavio a fait appel à un ténor du secteur : Linkplay. Un acteur majeur qui a su déployer ses offres dans tout le secteur. Triangle, AudioPro, Marshall ou même Harman Kardon, tous s’appuient sur la solution chinoise, qui continue de s’étendre. Un choix logique donc, d’autant que pour son Stream, la marque a décidé d’intégrer non pas l’ancienne puce A96, mais les nouvelles A97/A98, bien plus évolutives.
Aussi, au cœur du Stream retrouve-t-on un DSP Amlogic A113x, spécifiquement conçu pour les systèmes hi-fi connectés, épaulé par un processeur quadri-cœur ARM Cortex-A53 qui assure une parfaite fluidité de navigation. Cerise sur le gâteau, l’adoption de l’architecture ARM Neon pour accélérer le traitement audio et faciliter la lecture de fichiers audio haute résolution.
Un pari gagnant qui non seulement permettra l’ajout de nombreuses fonctionnalités par simple mise à jour software – AirPlay 2, streaming hi-res, multiroom – mais aussi et surtout d’assurer une parfaite synergie avec le PCB audio. Un circuit cette fois-ci entièrement conçu en interne par Hugo, développeur et ingénieur, qui s’appuie sur une puce Texas Instruments PCM5102A.
Ce convertisseur numérique/analogique est parfaitement taillé pour cet usage, notamment grâce à sa boucle de phase asservie intégrée qui ne nécessite pas l’ajout d’une horloge interne, et sa capacité à décoder l’intégralité des flux PCM 16 et 24 bits. À ceci s’ajoute une consommation d’énergie minimale (sans besoin d’un dissipateur thermique actif), assurant une excellente durée de vie de la puce en milieu clos.
Un ensemble particulièrement intéressant sur le papier, que l’on se hâte de connecter.
À l’usage
Livré dans un coffret en carton noir du plus bel effet, l’Octavio Stream ne manque pas de charme. Un petit pavé à l’esthétique sobre mais soignée, qui se fond parfaitement dans le décor. Mesurant tout juste 118 mm de large pour 64 mm de long et 21 mm d’épaisseur, ce dernier se glisse aisément entre les éléments de notre système de test, apportant une touche discrète de fantaisie.
Au niveau des branchements, quelques secondes suffisent : on branche le câble USB-C à l’alimentation secteur fournie, puis au port idoine situé à l’arrière du lecteur. Ensuite, il suffit de relier notre streamer à notre ampli, soit via un câble jack-RCA, soit via un connecteur mini-Toslink vers Toslink, qui contourne le DAC intégré du Octavio. À noter justement que la marque propose trois câbles au choix : jack-jack, jack-RCA et mini-Toslink-Toslink.
Concernant l’installation en elle-même, celle-ci s’avère simplissime. Octavio nous guide pas à pas dans la configuration du Stream – que ce soit via la myriade de vidéos dédiées sur leur site ou l’application Virtuose, développée à cet effet. Et pour les accros du papier, la marque n’oublie pas la classique notice d’utilisation, jointe avec chaque appareil, imprimée sur du papier recyclé s’il vous plaît !
Au niveau des connexions réseau, le Stream est mû par une puce Broadcom BCM 43456, compatible avec les bandes Wi-Fi 2,4 GHz/5 GHz et les protocoles Wi-Fi 802.11 b/g/n. Une configuration largement suffisante pour des besoins hi-fi, même en 24 bits/192 kHz.
Mais, si d’aventure la qualité de votre réseau Wi-Fi s’avérait défaillante, la marque propose aussi un ingénieux adaptateur Ethernet, permettant de connecter le Stream en configuration filaire. Une fois connecté, le Stream se pilote au doigt et à l’œil via l’application dédiée, conçue pour agréger l’ensemble des sources : Deezer, Spotify, Qobuz, Tidal, Amazon Music et même Apple Music. Encore une fois, la marque propose un ensemble de vidéos explicatives, ce qui est particulièrement apprécié. En sus, le streamer gère aussi le protocole Bluetooth, certes moins qualitatif, mais pratique pour un invité de passage.
Cerise sur le gâteau, la marque développe en parallèle une nouvelle application intitulée Virtuose. Bien que disponible en version bêta, nous avons pu tester plusieurs de ses fonctionnalités, dont la recherche omnicanale qui combine tous les résultats de chaque plateforme sur une seule page.
Autant dire qu’après toutes ces bonnes impressions, nous avions hâte de découvrir les prouesses de ce petit boîtier.
Le son
Présenté comme le pont entre l’ancien et le nouveau monde, le petit Octavio Stream ne démérite pas, bien au contraire. Connecté à notre paire de KEF LS50 Wireless, la comparaison directe avec le Google Chromecast – notre précédent streamer sur ces enceintes – marque un net avantage pour le petit lecteur français.
Si bien, qu’au fur et à mesure des écoutes, l’Octavio a su progressivement se frayer un chemin au creux de chacun de nos systèmes. Derrière les LS50 bien sûr, mais aussi relié à notre ensemble Cayin, où il trouve naturellement sa place, alimenté par le port USB de notre iDAC-6. La synergie opère vite et l’accès direct à Qobuz, combiné à la lecture Gapless, nous permet de redécouvrir de nombreux morceaux tels que « City Fade » d’Against All Logic.
Qu’il s’agisse de l’aération globale, de la clarté du rendu ou tout simplement du niveau de sortie, le Stream fait mieux sur tous les points. Une excellente surprise compte tenu de son prix contenu, même si, logiquement, il ne pourra rivaliser sur cet aspect avec ses concurrents haut de gamme, mais aussi bien plus onéreux.
Néanmoins, ne boudons pas notre plaisir : le Stream réalise ici une très belle performance. Le bas du spectre, notamment, profite pleinement de son niveau de sortie élevé, retranscrivant parfaitement les fondamentales les plus graves. Un vrai bonheur sur les vieux systèmes, souvent désavantagés à ce niveau, même associés à une source moderne.
D’autant qu’il sera possible d’outrepasser les limites inhérentes au petit chipset TI. Comment ? En connectant un DAC plus haut de gamme via la sortie optique du petit Stream, dissimulée au sein de la sortie jack 3,5 mm. Ainsi, le boîtier se transmute en véritable streamer audiophile, capable de véhiculer un signal numérique brut, à même d’être décodé par un convertisseur plus haut de gamme.
Une fonctionnalité bienvenue qui débloque tout un éventail de fonctions, notamment pour le mélomane doté d’un ancien système haut de gamme, non connecté. Relié à notre ensemble Devialet D-Premier + Atohm GT (la fine fleur de son époque), l’Octavio Stream permet à ce dernier d’accéder aux joies de la musique dématérialisée, en HD.
Une alchimie sonore qui opère sans anicroches, le jitter étant aux abonnés absents, tout comme le parasitage numérique – l’équipe d’Octavio ayant réalisé un travail remarquable à ce sujet. Une belle prouesse, made in France qui plus est.
Notre conclusion
Pratique et ludique, l’Octavio Stream est le parfait point d’entrée pour tout mélomane à la recherche d’un streamer audiophile compact et performant. S’inscrivant parfaitement dans l’air du temps, notamment par son engagement sur la durabilité et son circuit court français, le lecteur se paye aussi le luxe de combler un véritable manque dans cette gamme de prix.
Et pour cause, entre la disparition du Google Chromecast Audio et la démocratisation des offres de streaming, Octavio se pose comme une solution toute trouvée, d’autant que la marque met un point d’honneur à proposer des mises à jour régulières. Un nouvel acteur à surveiller de près. Notons également que la marque propose un amplificateur connecté ! À bon entendeur…
FICHE TECHNIQUE : OCTAVIO Stream
- Origine : France
- Prix : 199 €
- Dimensions : 118 x 65 x 22 mm
- Poids : 200 g
- Convertisseurs : Texas Instruments PCM5102
- Flux gérés : PCM jusqu’en 24 bits/192 kHz
- Formats audio compatibles : FLAC/OGGALAC/WMA/APE/MP3
- Tension de sortie : 2,1 V
- Sorties : Jack 3,5 mm combo ligne/optique
- Entrée : USB-C (charge uniquement)
- Bluetooth : 5.0 A2DP + BLE (configuration uniquement)
- Wi-Fi : b/g/n – 2,4/5GHz
- Compatibilité :
- AirPlay 2/Qobuz/Deezer/Spotify/Tidal/Amazon Music/UPnP
Paru dans VUMETRE n° 43
VUMETRE N°43
Septembre – octobre 2022 Version papier : 10 € (frais de port inclus) / Version digitale : 7 € Outre le plaisir de découvrir les nouveautés liées à votre passion et l’activité de l’industrie audio, nous vous proposons deux formats :