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MEZE Elite

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En moins de 10 ans, Meze s’est légitimement imposé comme l’un des constructeurs les plus réputés de sa génération. Avec un catalogue restreint, composé quasi exclusivement de best-sellers, la marque a su insuffler un vent de nouveauté bienvenu dans le cercle fermé du casque audiophile, que ce soit grâce à l’icônique 99 Classics ou au somptueux Empyrean, aussi onéreux que généreux. Et si ce dernier était déjà considéré comme le summum du genre, voilà que la marque dévoile le Meze Elite, version ultime du déjà très sélect Empyrean. Simple variation ou véritable évolution ? C’est ce que nous allons voir.

Fondé en 2009, à Baia Mare, Roumanie, Meze Audio occupe une place toute particulière dans le monde du casque audio. À l’origine, on retrouve son créateur éponyme, Antonio Meze, mélomane et musicien, frustré de ne pas retrouver au casque la connexion qu’il éprouve avec sa guitare – une Fender Stratocaster. Et, comme chacun le sait, de la frustration naît l’obsession. Faute d’attendre, ce dernier décidera finalement de monter sa propre équipe pour produire, enfin, l’objet de ses désirs : le casque audio parfait.

D’abord via l’OEM, en piochant au gré des arrivages chez les (très) nombreux producteurs asiatiques. Mais c’est en 2015 que la marque réalise son premier coup d’éclat, en développant son premier modèle entièrement maison, le 99 Classics. Un casque nomade et fermé, au design enlevé, qui fait la part belle aux matières nobles telles que le bois brut, le cuir ou l’acier. Une réussite esthétique et technique complète, ce dernier restant à date l’un des seuls casques entièrement démontables et réparables. La promesse ? Une durée de vie quasi illimitée, chaque pièce pouvant être produite à la demande, pour son remplacement immédiat.

Élégant, solide, confortable, il se hisse rapidement au sommet du genre et surprend aussi bien les audiophiles que les plus gros acteurs du secteur. Le succès est total et les critiques unanimes, si bien que six ans après sa sortie, ce dernier continue de truster les charts, s’imposant systématiquement comme l’une des meilleures références de casque nomade.

En 2018, Meze remet le couvert avec un casque sédentaire : l’Empyrean. Véritable porte-étendard, il arrive sur un parc déjà bien établi avec des adversaires qui n’ont plus rien à prouver. Et pourtant, la mayonnaise prend à nouveau et Meze délivre, une fois encore, un casque de très haute volée, véritablement statutaire. Transducteur isodynamique produit par Rinaro, performances acoustiques exceptionnelles, le tout servi dans un écrin luxueux, digne de ses prétentions tarifaires.

Mais comment faire mieux quand ce modèle tutoie déjà le ciel ? Une question délicate à laquelle Meze entend répondre avec le nouveau Elite, variation discrète sur la forme, mais profonde sur le fond.

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Présentation du Meze Elite

Véritable pièce d’orfèvrerie, le Meze Elite conserve l’excellente qualité de fabrication dont sait faire preuve l’équipe roumaine. Et pour cause, avec un tarif stratosphérique pour un casque, il se devait d’afficher, a minima, le même niveau de construction, comme de finition, que son prédécesseur. Aussi profite-t-il de la même méticulosité, comme de la même attention, bien que d’aspect, il soit difficile de les distinguer.

Et pour cause, l’Empyrean faisait déjà figure de cas d’école. Un casque sculptural, aussi complexe d’apparence que simple dans sa conception, grâce à l’emploi massif de pièces usinées via CNC. On notera par exemple les très larges oreillettes, taillées d’une seule pièce d’aluminium et chaussées de grilles aux motifs holographiques, elles aussi produites en commande numérique.

Désormais argentées et non plus dorées ou noires, les faces externes sont gravées de l’emblème de la marque, un oiseau-lyre, accompagné du logo Elite, seul élément de différenciation directe avec son petit frère. Pour le reste, on retrouve le bandeau suspendu en cuir, breveté, assurant une parfaite répartition des masses sur le crâne, le yoke double bras en fibre de carbone et les tiges de maintien, dorénavant d’un noir de jais.

En transparence, on distingue le gargantuesque transducteur à double bobine, toujours produit par Rinaro Isodynamics en Ukraine. Une pièce maîtresse qui profite de plusieurs innovations telles qu’une nouvelle membrane à très faible masse intitulée Parus, capable de reproduire une plage de fréquence encore plus étendue, si cela était encore possible.

La promesse de ce nouveau transducteur ? Une distorsion harmonique dix fois inférieure (0,05 %) et la faculté de chercher des aigus dignes d’un super tweeter (jusqu’à 112 kHz). Une évolution plus qu’une révolution donc, Meze s’adressant à une infime frange de passionnés, prêts à confirmer l’adage voulant que la qualité se paye. Mais qu’importe si, dans les faits, le casque fait montre de probité. Et sans trop spoiler, force est d’admettre que Meze réussit ici un nouvel exploit.

Mais, avant tout, observons comment se comporte ce mastodonte sur notre tête.

Confort et bundle

Avec des transducteurs mesurant pas moins de 100 mm de haut et 73 mm de large, il n’est pas étonnant que les oreillettes du Meze Elite figurent parmi les plus imposantes du marché. Et pour cause, à part Hifiman et Audeze, peu de casques profitent d’une telle surface utile.

Fort heureusement, Meze a beaucoup appris de son expérience sur le 99 Classics et une fois chaussé, le casque se fait presque oublier. Le système d’aile suspendue, bien qu’un peu étrange au premier regard, fonctionne étonnamment bien et malgré un poids vénérable de 430 g (hors câbles), le Elite flotte presque sur la tête.

Au contact, on retrouve les coussinets ovoïdes à mémoire de forme, assurant une pression intracrânienne optimale pour accommoder les sessions d’écoute prolongées. À noter d’ailleurs que la marque fournit désormais deux sets : un premier en cuir, épais de 30 mm idoine au Empyrean, accompagné d’un second ensemble hybride, mélangeant l’Alcantara pour la zone de contact et le cuir pour les coutures extérieures.

Encore une fois, Meze porte une attention toute particulière au câble, lien primaire entre l’Elite et la source. Assemblés à la main, ces derniers sont disponibles en version cuivre pur ou cuivre plaqué argent, mais toujours en partenariat avec l’excellente maison Furukawa, réputée pour son expertise en la matière. Sans surprise, toutes les terminaisons sont possibles : 6,35 mm TRS, 2,5 mm TRRS, 4,4 mm Pentaconn et même XLR 4 pins.

Pour compléter l’ensemble, la marque offre avec son casque une véritable valise de transport en aluminium, apte à accueillir le casque, les câbles, deux sets de mousses et même une source telle qu’un baladeur audiophile. Ce que nous avons fait.

L’utilisation

Étonnamment sensible pour un modèle du genre, le Meze Elite nécessitera une excellente source. Sa sensibilité relativement élevée, associée à sa faible impédance, le rend particulièrement sensible au bruit résiduel. Dans notre très longue liste de baladeurs audiophiles, seules quelques pièces auront finalement réussi ce difficile challenge.

Le nouveau iBasso DX300 se prête particulièrement bien au jeu, mais on privilégiera la sortie symétrique 4,4 mm, sans quoi ce dernier aura vite tendance à s’essouffler. Comme d’accoutumée, on associera plutôt cet intra avec des puces Sabre ESS ou Cirrus Logic MasterHiFi.

La dynamique offerte, associée à une réponse en fréquence particulièrement large, produit des résultats sensationnels.

Sur un système de salon, un DAC de haute volée sera obligatoire, le Elite se révélant très sensibles aux bons, comme aux mauvais enregistrements. Testé sur un ensemble Chord Dave + ALO Audio Studio 6, le résultat fut majoritairement magistral, mais quelques pistes furent de véritables sinécures. Mais trêve de bavardages et place au son.

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Le son

Dès les premières notes, le Elite surprend par sa scène sonore. Si les effets psychoacoustiques tels que le Dolby Atmos ou autres modulations logicielles ont fait des bonds de géant, Meze coupe court à tous les artifices et remet les pendules à l’heure. Nous sommes littéralement enveloppés par la musique. La stéréophonie envahit nos sens tel un tsunami ravageur, nous laissant pantois devant une telle maîtrise.

C’est d’ailleurs toute la magie du Elite, la capacité à recréer une présence presque physique, habituellement réservée aux enceintes de salon. Le grave atteint des profondeurs abyssales, si bien qu’un réflexe pavlovien semble compresser notre cage thoracique, tandis que l’aigu file haut sans jamais semble s’arrêter. Certes, notre oreille – pourtant jeune – distingue encore de la vie passée 15 kHz, mais au-delà, un nouveau spectre de nuances nous a toujours été interdit.

Pas cette fois heureusement, le casque nous chatouillant les esgourdes avec des notes discrètes mais bien présentes, portées par des harmoniques somptueuses. L’imposant transducteur isodynamique n’est pas là pour faire de la figuration. Nappes électro ultra-saturées, coups de grosse caisse, contrebasse… le casque répond systématiquement au doigt et à l’œil.

Et pour cause, mis à part Stax et ses membranes électrostatiques, nulle autre membrane n’offre des transitions aussi nettes et ciselées. L’effarante rapidité permise par les transducteurs MZ3SE se retrouve dans chaque attaque, chaque souffle. Impossible de prendre le casque à défaut s’il est associé à une source adaptée, chaque voix semblant se matérialiser au sein même de notre tête.

La résolution exceptionnelle, complétée d’une excellente dynamique, pousse vite à la tentation d’augmenter le volume. Sur le iBasso DX300, en sortie symétrique 4,4 mm, on obtient un couple nomade capable de rivaliser avec un système sédentaire de très haute volée. La profondeur du son, sa fermeté et l’aération prodigieuse dont fait preuve le Meze le place aisément dans le top 3 des meilleurs modèles du genre à ma connaissance.

Mais, pour répondre à la question initiale, l’Elite surpasse-t-il l’Empyrean ? Oui et non. Plus raffiné, plus équilibré et surtout plus précis, si cela était encore nécessaire, le petit nouveau renforce cette touche de folie déjà présente sur le précédent modèle. Superfétatoire ? Peut-être. Mais une fois que l’on y a goûté, impossible de l’oublier.

Chaque nuance, chaque aspect semble magnifié par cet Elite et si les bons enregistrements prennent vie, les mauvais nous écorchent sans crier gare. L’homogénéité globale en fait un véritable touche-à-tout. Musique orchestrale, dubstep décomplexé, jazz vocal, rien ne lui résiste et c’est presque avec envie qu’on cherche la faute. En vain, le casque confirmant l’adage que, parfois, le ramage se rapporte bien au plumage.

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Notre conclusion

Superbe sur le fond comme sur la forme, le Meze Elite enfonce le clou et confirme une nouvelle fois la maestria du constructeur roumain. Ode à la démesure, ce nouveau venu frappe juste et fort, un coup fatal porté par un David qui n’a plus vraiment peur des Goliath. Certes, l’Empyrean était déjà exceptionnel et compte tenu de son prix, l’Elite pourra sembler accessoire à qui possède déjà son prédécesseur. Mais, au fur et à mesure de nos écoutes, il fut clair que l’apport technique de cet Elite sur l’Empyrean s’avère réel, notamment sur des électroniques du même calibre.

Aussi, si la passion surpasse la raison et que vous êtes à la recherche d’une solution sans concessions, l’Elite, porte, encore une fois, très bien son nom. Un indispensable, pour qui peut se le permettre.

FICHE TECHNIQUE : MEZE Elite (casques – casques ouverts hifi)

  • Origine : Roumanie
  • Prix : 4 000 €
  • Taille du transducteur : 102 x 73 mm (4 650 mm2)
  • Réponse en fréquence : 3 Hz – 112 kHz
  • Impédance : 32 ohms
  • Sensibilité : 101 dB SPL/mW
  • Distorsion harmonique : Inférieure à 0,05 %

Paru dans VUMETRE n° 38

VUMÈTRE N°38

7,00 10,00  TTC

Novembre – décembre 2021 Version papier : 10 € (frais de port inclus) / Version digitale : 7 €

UGS : VUMETRE38
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