Le préamplificateur P30A et l’amplificateur de puissance H30A remplacent les électroniques P30 et H30 présentes sur le marché depuis 2011. De l’aveu même de la R&D de Hegel, ces références étaient en sursis depuis un certain temps car les transistors utilisés arrivaient en fin de production. Il a fallu des années à Hegel pour trouver un remplacement en mesure d’égaler, voire de dépasser les anciennes références afin de pouvoir lancer les nouveaux produits. Avec un design et des qualités sonores considérablement améliorés, le P30A et le H30A établissent un nouveau record de ce que les amplificateurs Hegel peuvent atteindre.
Le préampli P30A
Élément particulièrement sensible d’une installation en raison des faibles signaux qu’il doit gérer, le préamplificateur en conditionne la qualité de restitution. Conscient de cet état de fait, Hegel propose le P30A. Pour en faire une référence, le constructeur a opté pour des choix technologiques sans concession. La marque propose ainsi un maillon de très haute qualité capable de respecter le signal sonore et de préserver sa richesse en reproduisant avec une fidélité absolue le moindre de ses détails. Ce préamplificateur gère ainsi avec la même aisance l’atmosphère des ambiances de jazz les plus torrides, l’agressivité du rock en live tout comme la richesse des orchestres symphoniques. D’une absolue neutralité, le P30A respecte l’œuvre enregistrée sans en oublier la moindre micro-information ni ajouter d’élément parasite indésirable.
Pour illustrer ce comportement rigoureux et respectueux de l’esprit de chaque œuvre enregistrée, Hegel a baptisé le P30A « The Conductor », le chef d’orchestre. Une appellation qui illustre également bien le rôle que joue ce maillon au sein de l’installation. En effet, c’est sur lui que repose le comportement des étages de puissance et en conséquence celui des enceintes. Hegel a donc consacré tout son savoir-faire à sa conception en mettant en œuvre des solutions technologiques spécifiques. Le problème majeur que pose un préamplificateur réside dans la très faible amplitude des signaux qu’il doit traiter. Qui plus est, les sources dont ils sont issus présentent le plus souvent une impédance de sortie relativement élevée. Des points qui rendent ces signaux particulièrement sensibles à l’influence du « brouillard électromagnétique » dans lequel nous vivons. Il est donc capital de protéger le signal de cette nuisance tout au long de son traitement. De même, toujours pour éviter de le corrompre, l’électronique et l’ensemble de ses composants ne doivent présenter qu’un niveau de bruit de fond extrêmement bas et un taux de distorsion aussi faible que possible.
Pour répondre à ces impératifs, Hegel s’est orienté vers des transistors type FET, à effet de champ, pour concevoir les étages internes du P30A. Outre le très faible niveau de bruit que permet d’atteindre cette technologie de transistors, elle présente aussi un taux de distorsion sur les harmoniques impaires particulièrement bas. Or ce sont elles auxquelles l’oreille est le plus sensible. De plus, pour aller encore plus loin en termes d’exigence de qualité, Hegel vérifie individuellement les caractéristiques de chaque transistor afin de les regrouper par paires où les paramètres des deux transistors sont parfaitement identiques. Il ne faut pas perdre de vue que dans tout lot de transistors fourni par un constructeur, de légères variations affectent leurs paramètres. Pour les industriels du transistor, ces écarts de caractéristiques sont considérés comme des déviations normales. Mais pour des appareils électroniques sensibles comme le P30A qui vise l’excellence, ces approximations ne sont pas acceptables. Disposer de transistors parfaitement appariés est une exigence incontournable pour le niveau de qualité qu’Hegel souhaitait offrir au P30A. Elle est garante d’une restitution limpide, à la fois douce, franche et naturelle.
Il est également primordial que le trajet du signal soit aussi court que possible et que ce dernier ne traverse qu’un nombre de composants réduit au stricte indispensable. En effet, chaque composant constitue une source de bruit qui vient le dégrader. Ici, le signal musical ne passe que par deux transistors et un atténuateur de volume à très faible bruit. Difficile de faire moins. Le P30A exploite également la technologie brevetée Sound Engine spécifique à Hegel. Elle a pour mission de corriger la distorsion d’intermodulation à l’aide d’une conception à anticipation.
Enfin, le P30A dispose d’une architecture « double mono ». Chaque canal dispose de sa chaîne d’amplification totalement séparée de celle du second. Cette configuration réduit considérablement les risques d’apparition de diaphonie et, plus généralement, d’interaction entre les deux canaux. Pour gérer un vaste éventail d’équipements, des plus simples aux plus professionnels, Le P30A se dote d’une connectique très complète. Il dispose de deux entrées symétriques sur prise XLR, de trois asymétriques sur prise RCA et d’une entrée home-cinéma à niveau fixe pour s’intégrer dans un système de haute qualité. Cette entrée peut aussi être configurée pour se comporter comme une entrée normale. En sortie, il dispose d’une sortie variable symétrique sur prise XLR et deux sorties asymétriques sur RCA. L’une des sorties RCA peut éventuellement être configurée comme sortie à volume fixe.
L’ampli H30 A
Toujours à la recherche d’absolu et du son ultime, Hegel donne dans la démesure pour son bloc de puissance H30A. Afin qu’il soit capable de gérer avec une poigne d’acier n’importe quelle enceinte sur n’importe quelle famille de musique, ses concepteurs l’on doté d’une puissance de 1 100 W sous 8 ohms ! Du moins, lorsque le H30A est utilisé en tant que bloc de puissance mono. Modulable, il peut également s’utiliser en stéréo. Cet amplificateur se base, en fait, sur deux modules de puissance travaillant en bridge. Un commutateur propose de les « désolidariser » pour transformer le H30A en bloc de puissance stéréophonique.
Cette colossale réserve de puissance lui permet d’affronter n’importe quelle situation avec sérénité. Ses ressources en dynamique sont quasiment inépuisables et il conserve une stabilité absolue même s’il doit dompter les enceintes les plus rebelles. Même si leur impédance tombe à 1 ohm, le comportement du H30A n’est pas affecté. Restituer avec un incroyable réalisme les pics de dynamiques qu’engendre le flamboiement d’un orchestre symphonique interprétant du Wagner, par exemple, ne constituera en rien une épreuve pour lui. Il se tirera de cette situation avec sérénité. Cette aisance que possède le H30A pour restituer avec un incroyable réalisme un orchestre symphonique a conduit Hegel à le surnommer « L’orchestre ».
Reste que pour offrir à son bloc de puissance de telles caractéristiques, Hegel a dû avoir recours à des solutions techniques elles aussi assez impressionnantes. Les push-pull du H30A ne regroupent pas moins de 56 transistors bipolaires, soit 28 par canal. De plus, avec une telle configuration, Hegel se réserve des marges de sécurité hors normes pour ce qui est de la gestion des courants les plus intenses. En effet, les transistors de puissance mis en œuvre sur ses push-pull sont capables de gérer jusqu’à 15 A et dissiper 200 W chacun. Dans l’absolu, ce sont jusqu’à 210 A que peuvent contrôler ces étages de puissance avant de jeter l’éponge. Il n’est donc pas surprenant que le H30A soit capable de gérer avec beaucoup d’aisance les pics de courant les plus extrêmes. Par ailleurs, ces transistors sont de type ultra-rapide. Une spécificité qui leur permet de répondre immédiatement à ma moindre sollicitation, ce qui est important pour réduire de manière drastique le taux de distorsion des étages de puissance.
Reste que, pour qu’il soit en mesure de délivrer une telle puissance, le H30A doit disposer d’une source d’énergie capable de répondre à ses appels de courant. Pour cela, Hegel l’a doté d’une alimentation particulièrement « musclée ». D’architecture très conventionnelle, elle se base sur deux transformateurs toroïdaux, un par module de puissance, de 1 000 VA chacun. De plus, pour garantir au H30A une réserve d’énergie susceptible de répondre aux appels de courant ponctuels les plus extrêmes, un jeu de condensateur totalisant une capacité de 270 000 microfarads est associé à ces transformateurs. Si, comme nous l’avons dit, le H30A est conçu pour être utilisé en tant que bloc de puissance mono, il est également capable de travailler en stéréophonie en dissociant les deux modules et donc en quittant le mode bridgé. Comme chaque module de puissance dispose de son propre transformateur, le H30A dispose alors d’une architecture type double mono. Une configuration qui présente l’avantage de limiter considérablement l’interaction entre les deux canaux et qui garantit une qualité de restitution irréprochable. Enfin, le H30A se dote d’une connectique associant prises XLR, pour un raccordement en mode symétrique, et prises RCA pour une liaison asymétrique. Mettant en œuvre des prises de haute qualité, cette connectique lui assure une compatibilité totale avec les meilleurs maillons et, notamment, le préamplificateur P30A, fleuron de la marque en matière de préamplification de très haute qualité. De même, les bornes à vis dédiées au raccordement des enceintes sont généreusement dimensionnées et acceptent tant les fiches bananes que les fourchettes ou même directement des câbles de forte section.
L’installation
Au sein de ce couple existe une indéniable disparité d’encombrement. Le préampli conserve une certaine compacité, là où le bloc de puissance joue dans la démesure. Mais le constructeur norvégien n’ayant fait aucun compromis sur les organes vitaux de ses appareils, cela s’explique aisément. Donc, on placera le préampli dans un rack aux côtés de toutes les sources du système, et on optera pour un placement au sol de l’ampli, de préférence sur un plateau de découplage, comme nous avons pu le faire avec notre modèle Centaure L. Puis on connectera les deux produits à l’aide d’un long cordon symétrique. C’est d’ailleurs cette configuration qui a la préférence du constructeur. On pourra connecter les sources au préampli indifféremment en mode symétrique ou asymétrique. Le P30A est abondamment fourni dans les deux modes. Concernant le choix des enceintes acoustique, il ne sera pas nécessaire de préciser qu’il est vaste, voire illimité. En effet, comme son prédécesseur avant lui, l’intérêt du H30A, c’est qu’il est capable de driver virtuellement n’importe quelle charge acoustique.
Le son
Nous avons eu le plaisir de vivre pendant plusieurs années en compagnie du couple P30/H30. Nous connaissons ses immenses qualités, tant en termes de finesse que de fantastique réserve de puissance, une puissance qui s’exprime toujours avec beaucoup de subtilité. L’écoute de son successeur nous a procuré beaucoup de plaisir et nous a remémoré les grandes aptitudes de metteur au point du constructeur norvégien. Nous n’avons pas été totalement dépaysés lors des premières minutes d’écoute des P30A/H30A. Bien sûr, on retrouve immanquablement cette sensation grisante de puissance omniprésente et toujours contrôlée au millimètre. Ça pousse très fort, et surtout ça pousse partout. De l’extrême grave à l’extrême aigu, il n’y a pas 1 cm de bande passante qui ne soit propulsé avec une énergie considérable. Cela ne veut pas dire que l’ensemble P30A/H30A se cantonne à une écoute grand spectacle. Ce n’est heureusement pas du tout le cas, car cette électronique est capable de faire preuve d’une très grande finesse d’analyse et de beaucoup de subtilité dans le jeu mélodique. Cela signifie plutôt que les Hegel contrôlent de façon appliquée et systématique chaque fragment de matière sonore qu’elles doivent reproduire. Le fait de contrôler la bande passante dans sa globalité gratifie l’auditeur d’une sonorité particulièrement relaxée. Avec ce couple, rien n’est laissé au hasard. Cette vigilance constante sur chaque paramètre sonore a pour corollaire une souplesse tout à fait inhabituelle qui se manifeste notamment par une sérénité assez exceptionnelle sur les très grosses masses orchestrales. Quand le message sonore devient très complexe, et surtout la résultante de la superposition d’un grand nombre de lignes mélodiques, l’ensemble P30A/H30A conserve une clarté et une précision redoutables. C’est sur des morceaux aussi touffus que l’on juge des aptitudes à la résolution d’une électronique. Vous pourrez croire que cette nouvelle génération Hegel attire les mêmes louanges que la précédente ; ce n’est pas faux, mais c’est réducteur. Ce qui place le duo P30A/H30A nettement au-dessus de son prédécesseur, c’est la sensation que le contrôle est beaucoup plus poussé qu’auparavant. Le H30 combinait une grande force, beaucoup de puissance et une sonorité joviale qui semble avoir disparu pour laisser place à une sensation de distinction et de maturité. La version « A » s’efface encore plus devant les exigences du message musical. Il ne joue jamais sa propre partition. Avec les P30A/H30A, l’auditeur pourrait croire aisément qu’il plonge plus profondément au cœur des enregistrements. Et c’est certain que rarement un tel monstre de puissance a su s’exprimer avec autant de finesse. C’est sur des morceaux aussi subtils que certains quatuors à cordes que l’on remarque les signes de cette finesse régénérée. Le côté velouté et délicat de la reproduction n’est pas toujours l’apanage des amplificateurs les plus puissants. Ici rien de tel, au contraire. Le H30A peut jouer très fort avec une belle délicatesse. On constate une hausse significative du pouvoir de résolution de cet appareil. Et également une stabilité tout à fait inédite sur les transitoires. Non seulement cet ampli tient impeccablement la charge, il la maîtrise avec brio, mais en outre, il sait rendre au message sa simplicité et son authenticité.
Notre conclusion
C’est seulement au bout de onze années que le constructeur norvégien a remplacé son couple mythique P30/H30 par de dignes successeurs, les P30A & H30A. Esthétiquement, ils sont très proches. Pourtant, loin d’être seulement une amélioration, c’est ici d’une complète refonte qu’il faut parler. Chaque circuit a été reconsidéré pour l’optimiser au maximum et pour offrir aux consommateurs une expérience sonore complètement inédite. Hegel peut être fier du travail accompli. Non seulement les P30A/H30A sont plus musicaux que la version d’origine, mais en plus, ils nous propulsent dans un univers encore plus subtil, fluide et musicalement convaincant. Aussi, lorsque vous envisagerez l’achat d’une électronique exclusive pour alimenter les plus belles enceintes du marché, n’oubliez surtout pas de placer Hegel dans la liste de vos prétendants. Ne pas le faire ce serait une erreur. En ce qui nous concerne, nous sommes conquis…
FICHE TECHNIQUE : HEGEL H30A
- Origine : Norvège
- Prix : 17 995 €
- Dimensions : 430 x 240 x575 mm
- Poids : 47,4 kg
- Puissance de sortie : >1 100 W sous 8 ohms (mono)
- Impédance de charge minimale : 1 ohm de charge
- Impédance d’entrée :
- Symétrique 2 : 0 kilo-ohms
- Asymétrique 10 kilo-ohms
- Rapport signal/bruit : >100 dB
- Diaphonie : <100 dB
- Distorsion : <0,003 % à 100 W sur 8 ohms
- Intermodulation : < 0,01 % (19 kHz + 20 kHz)
- Facteur d’amortissement : >500 (mono)
FICHE TECHNIQUE : HEGEL P30A
- Origine : Norvège
- Prix :7 995 €
- Dimensions : 430 x 96 x 575 mm
- Poids : 7,2 kg
- Rapport signal/bruit : >130 dB en mode symétrique
- Diaphonie : <100 dB
- Distorsion : < 0,005 %
- Intermodulation : < 0,01 % (19 kHz+20 kHz)
Paru dans VUMETRE n° 45
VUMETRE N°45
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