Accompagner l’utilisateur en fonction de l’évolution de ses attentes, c’est ce que propose Atoll Electronique avec ce modèle d’intégré évolutif. Depuis sa création par Stéphane et Emanuel Dubreuil en 1997, l’ambition de la société française Atoll a toujours été de proposer des équipements de qualité audiophile à un prix contenu. Durant de longues années, Atoll s’est donc concentré sur la conception d’intégrés dont l’excellent rapport qualité/prix a séduit bon nombre d’amateurs exigeants. Avec l’apparition de la gamme Signature, la marque a accentué sa politique en matière d’évolutivité. Ainsi, l’utilisateur peut faire évoluer son équipement en fonction de ses attentes, mais aussi du budget qu’il souhaite y consacrer, tout en bénéficiant à chaque fois d’éléments de haute qualité.
Le nouvel intégré IN50 est la parfaite illustration de ce concept. Son cœur s’articule autour d’un intégré regroupant un préamplificateur et un amplificateur de puissance intégralement analogiques. À noter que, même s’il s’agit de structures assez conventionnelles, ces sections ont bénéficié des attentions technologiques les plus actuelles. Par exemple, des condensateurs de liaison Vishay sont exploités sur le trajet du signal. De même, pour le filtrage, ce sont des condensateurs signés Nippon Chimicon qui sont mis à contribution. Les étages de sortie ont aussi été optimisés.
Une évolution a également permis, tout en conservant au courant de repos une valeur inchangée, de réduire notablement le taux de contre-réaction. À noter également, le remplacement des transistors de puissance des anciennes générations par des transistors complémentaires pour un équilibrage parfait des push-pull de sortie. En fait, si la structure du schéma de l’IN50 se base toujours sur des transistors bipolaires sur les étages d’entrée et en tant que drivers, ce sont toujours des MosFet qui ont pour mission de gérer la puissance.
Côté alimentation, un transformateur toroïdal largement dimensionné de 170 VA réalisé sur cahier des charges spécifique a pour mission de fournir l’énergie nécessaire à ces étages de puissance. Précisons que le léger accroissement de quelques VA qu’il affiche est essentiellement destiné à combler l’accroissement (néanmoins très modéré) des besoins en énergie de l’IN50. Ceux-ci sont essentiellement liés aux étages numériques que propose l’évolution éventuelle de l’IN50 et à la motorisation de son potentiomètre de réglage de volume. De même, au niveau du filtrage, les condensateurs cumulent une capacité totale de plus de 17 000 microfarads pour garantir à l’IN50 une réserve d’énergie conséquente. Dans cette configuration de base, l’IN50 assure donc la fonction d’amplificateur analogique dédié à la gestion des sources délivrant un signal type Line.
Une première évolution concerne l’adjonction d’une carte de préamplification Phono. En effet, même si les vinyles rencontrent un succès croissant, la présence d’une platine vinyle au sein d’une chaîne n’est pas encore systématique. Il était donc assez naturel qu’Atoll propose cette carte en option. Facturée 100 €, elle est compatible tant avec les cellules à aimant mobile (MM) que celles, haut de gamme, à bobine mobile (MC). De plus, pour s’adapter au mieux aux préconisations de chaque constructeur de cellule, cette carte de préamplification dispose d’un réglage de gain offrant le choix entre trois valeurs possibles : 40, 42 ou 56 dB. Une capacité d’entrée de 100 pF peut également être sélectionnée ou non.
Dans le même esprit, pour répondre au mieux aux tendances actuelles en matière de numérique et de sources dématérialisées, l’IN50 peut recevoir la même carte que les amplificateurs IN200 et IN300. Cependant, Atoll a également étudié à son attention une carte spécifiquement dédiée. Plus simple, elle est aussi plus accessible. Basée sur un DAC Burr Brown PCM 1744, elle gère les flux audio hi-res 24 bits/192 kHz. Équipée de deux entrées optiques et de deux coaxiales, qui viennent se substituer à l’entrée auxiliaire de l’IN50, cette carte est parfaitement adaptée aux exigences d’une installation domestique. Les principales différences de cette petite carte par rapport à sa grande sœur conçue pour les IN200 et IN300 se résument à la disparition du port USB et du transmetteur Bluetooth.
Enfin, le circuit imprimé principal est logé au plus bas du châssis, ce qui permet de doter les étages de puissance de dissipateurs thermiques plus conséquents. Le refroidissement des transistors de puissance s’en trouve ainsi optimisé lors de la survenue de pics de dynamique. De plus, un capteur thermique commande une baisse automatique de la puissance que délivre l’amplificateur en cas de hausse excessive de la température. Tout risque d’emballement thermique est ainsi éliminé.
L’installation
Difficile de faire plus simple que cet appareil sobre. Mais tout y est, rien ne manque pour notre utilisation au quotidien. On prendra garde de bien sélectionner la phase secteur. Si sur le papier la puissance n’est pas colossale, dans les faits, nous avons associé l’IN50 Signature avec plusieurs enceintes acoustiques sans ressentir la moindre carence énergétique. Il s’est avéré apte à piloter un grand nombre de diffuseurs dans sa gamme de prix, voire plus chers.
Le son
La dernière amplification que nous avons pu tester en provenance du Cotentin était le prestigieux ensemble en éléments séparés de la série 400. Aujourd’hui, nous écoutons le petit intégré IN50. Autant dire que nous faisons le grand écart. Mais entre ces deux extrêmes, une même ligne directrice émerge, celle qui a présidé à la création de la génération Signature. C’est-à-dire une refonte dans la continuité et une attention aux petits détails qui font la différence à l’écoute. Atoll est devenu un expert en matière d’optimisation de ses circuits, un adepte du « fine tuning ». Et cela s’entend immédiatement. Connecté à nos ZU qui ne sont pourtant pas tendres, l’IN50 dévoile une présence et une assise qui ne sont pas communes pour un amplificateur tarifé 750 €. D’emblée, on perçoit un très bel espace sonore. L’image est réellement tridimensionnelle. Non seulement elle s’épanouit en profondeur, mais offre une belle extension latérale. L’écoute n’est pas du tout compactée. Bien au contraire, elle s’épanouit largement au-delà du triangle stéréophonique pour occuper l’espace de votre pièce d’écoute. Sur l’un de nos disques favoris aux multiples plages à la sonorité très différente (NXworries Yes Lawd), on perçoit clairement un univers spécifique à chaque piste. Et cela, l’IN50 Signature le retranscrit très fidèlement. La sensation de proximité avec la performance est très bien rendue. Entre les prises plutôt intimistes et les parties beaucoup plus touffues, la différence est flagrante. Cet amplificateur alterne les sonorités râpeuses et les séquences raffinées avec une aisance inaccoutumée à ce prix. Fidèle à la philosophie de la marque, il ne cherche pas à vous estourbir à coups d’effets spectaculaires, mais il n’en est pas moins surprenant de vigueur et de variété pour vous faire comprendre à quel point un monde peut séparer deux morceaux sur le même disque. Cette aptitude à coller à la modulation lui permet de rester toujours pertinent et fluide. Avec lui, non seulement vous ne vous ennuierez jamais, mais en outre, vous n’aurez jamais l’impression d’écouter toujours le même disque. C’est la marque des électroniques matures conçues dans un souci d’authenticité. C’est une sensation évidemment très agréable que l’on s’attend généralement à éprouver avec des amplis plus coûteux.
Cet excellent pouvoir d’analyse, nous l’avons éprouvé sur les entrées ligne, mais également sur la partie DAC et sur l’entrée phono. Nous avons en effet été gâtés car l’IN50 Signature de notre test était « toutes options ».
La section numérique a pris le relais d’un transport CD et nous a permis d’en tirer le maximum. Il a également largement fait ses preuves en sortie numérique d’un ancien lecteur de CD, pourtant haut-de-gamme, qui a ainsi retrouvé une nouvelle jeunesse. Quant à l’entrée phono que nous avons utilisée avec notre cellule Nagaoka MP150, elle nous a surpris par un seuil de bruit extrêmement bas et un grand silence de fonctionnement. Il faut dire que nous avons eu droit au module P 100 intégralement développé en composants discrets. Son rapport qualité/prix est difficilement surpassable.
Notre conclusion
Comme le bon vin se bonifie avec le temps, l’IN50 Signature représente l’aboutissement de plus de 25 ans de recherches, d’essais et d’améliorations d’un schéma qui a maintenant fait ses preuves. Certes destiné à être accessible au plus grand nombre, cet appareil n’en est pas moins doté d’un caractère finalement assez aristocratique. En aucun cas on n’évoquera ici son positionnement sans se poser légitimement la question de savoir s’il ne représente pas tout simplement le début du haut-de-gamme.
À sa naissance, Atoll restait parfaitement dans les clous du mainstream. Son exploration des produits très haut-de-gamme lui a permis de découvrir que cette quête de l’absolu rejaillissait sur tous ses produits, y compris les moins chers. Résultats des courses, pour 1 000 €, l’IN50 Signature « toutes options » pourra constituer le centre névralgique d’un très bon système hi-fi à un prix tout à fait raisonnable. Nous nous répétons, il est vrai, mais le constructeur du Cotentin a encore fait mouche.ées.
FICHE TECHNIQUE : ATOLL IN50 Signature (amplificateurs intégrés hifi)
- Origine : France
- Prix : 750 €
- Dimensions : 440 x 90 x 300 mm
- Poids : 7 kg
- Puissance nominale : 2 x 50 W sous 8 ohms, 2 x 70 W sous 4 ohms
- Réponse en fréquence : 5 Hz à 100 kHz
- Rapport signal/bruit : > 100 dB
- Entrées : 5 x analogique « ligne » sur RCA, 1 x by-pass sur RCA
- Sorties :
- 1 x monitoring sur RCA, 1 x paire de bornes à vis plaquées or,
- 1 x casque sur jack 3,5 mm en façade
- Carte phono Atoll P100 : Compatible cellules MM et MC
- Impédance d’entrée : 47 kilo-ohms
- Capacité d’entrée : 100 pF ou 0
- Gain : 40 dB MM, 46 dB MC High, 52 dB MC Low
- Distorsion harmonique totale : 0,05 %
- Prix indicatif : 100 €
- Carte numérique Atoll SPDIF :
- DAC Burr Brown PCM 1744
- Deux entrées optiques 24 bits/192 kHz
- Deux entrées coaxiales 24 bits/192 kHz
- Prix indicatif : 150 €
Paru dans VUMETRE n° 33
VUMÈTRE N°33
Janvier-février – 2021 Version papier : 10 € (frais de port inclus) / Version digitale : 7 €