BORRESEN X3

En à peine cinq ans, la marque danoise Borresen Acoutics a su concevoir plusieurs gammes d’enceintes de très haute qualité, de l’ultra-haute-fidélité avec les séries 0 et M, aux encore très haut de gamme bien que plus abordables séries Z et X. De cette dernière série, nous testons pour vous aujourd’hui la Borresen X3, somptueuse colonne à trois haut-parleurs et un tweeter à ruban, d’un tarif encore élevé bien que contenu à exactement 10 000 €. Ce prix se justifie par la proposition sonore d’une grande respiration faite de timbres superbes, largement supérieure à de nombreuses concurrentes. En outre, cette X3 se positionne deux fois moins chère que les colonnes équivalentes de la série Z. Avec un réel plaisir, nous avons pu pénétrer par la petite porte dans l’univers immense du créateur Michael Børresen.

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Capées par la série M à plusieurs centaines de milliers d’euros, six chiffres encore atteints par la série 0 du fabricant lorsque l’on choisit ses modèles en versions Cryo ou Silver Supreme Edition, les créations du danois Børresen savent aussi se montrer plus raisonnables. Il possède donc à son catalogue deux autres séries, les Z dont la plus petite, la compacte Z1, coûte 10 000 €, et la X, constituée de trois modèles colonnes, X2, X3 et X6, le chiffre après la lettre représentant le nombre de haut-parleurs utilisés en plus du tweeter à ruban.

De cette série, nous avons choisi de tirer l’enceinte colonne Borresen X3, sans doute celle au meilleur rapport qualité-prix en cela qu’elle exprime déjà toutes les composantes de la marque, sans dépasser le tarif de la Z1, malgré une taille imposante et une qualité de finition déjà irréprochable. Proposée en laquée piano blanche ou noire, la Borresen X3 mesure 129 cm de haut pour une profondeur de 60,7 cm, la largeur contenue à 34,5 cm sur le pied, à ramener à seulement 22 cm sur la face avant, affinée à mesure que le coffrage se déploie vers l’arrière pour ne plus laisser que quelques centimètres à la fin, d’où ressortent pas moins de trois évents ronds sur le haut et quatre sur le bas. Renforcé par de très beaux inserts carbones, le coffret est fabriqué en une pièce à partir d’un matériau composite de bois très rigide, conçu pour éliminer un maximum de vibrations ainsi que les influences mécaniques. À l’intérieur, un petit tuyau permet de ventiler et d’envoyer l’air vers l’arrière sur le tweeter, tandis que le haut-parleur de médium au-dessus est cloisonné dans un petit espace ouvert vers un second cabinet à deux tuyaux, qui évacue l’air vers les deux autres évents. Au-dessous, deux cloisons de toute la profondeur de l’enceinte séparent chacun des deux haut-parleurs médium-grave, ces cloisons internes étant constituées de nombreux trous vers le bas, qui dirigent l’air et les vibrations vers un dernier grand cabinet duquel ressortent les quatre évents bas précités. Au niveau inférieur de l’enceinte sur la face avant, le logo de la marque en forme de Ø surplombe un socle de deux lames de métal, qui enserrent une large plaque de bois soutenue par quatre pieds métalliques.

Fabriqué sur la base des composants de la série Z, le filtre de croisement de la série X est monté en parallèle et utilise trois niveaux différents de bobines, qui servent à minimiser autant que possible son auto-résonance, en plus d’affiner au plus précis les coupures de registres.

Le tweeter à ruban planaire référent à la marque est presque le même que celui des séries supérieures, d’un rendement tout juste abaissé de 94 dB à 90 dB malgré une longueur légèrement raccourcie, compensée par la masse plus faible des composants (aimant et fer) pour offrir une masse mobile réduite à 0,01 g, raison de l’extrême rapidité de ses réponses à partir de 2,5 kHz.

Tout aussi bien conçus, les haut-parleurs se décomposent en un élément de basse-médium, au-dessus du tweeter placé au niveau de l’oreille lorsque l’on est assis sur un canapé classique, et de deux haut-parleurs de graves au-dessous. Pour ces trois éléments d’un diamètre de 11,5 cm (4,5’’), la membrane associe comme sur les Z trois couches de peaux laminées, l’entretoise en design de nid d’abeilles en aramide prise en sandwich entre deux couches de fibres de carbone étalée. À la fois très légères et très rigides, ces membranes ont pour résultante une grande réduction des résonances, celle du milieu apportant une réponse optimale dans le sens vertical, pour un résultat sonore d’une grande transparence.

Last but not least, la Borresen X3 reprend également la technologie qui a fait la force des moteurs de la série Z de Borresen, qui élimine le fer de l’aimant pour utiliser un système à double calottes de cuivre sur les anneaux polaires, dans le but d’accélérer le flux et d’aplatir la courbe d’inductance, ceci pour limiter encore au maximum les résonances électromagnétiques. Avec toutes ces technologies, la X3 offre avec une impressionnante transparence une réponse en fréquence large de 35 Hz-50 kHz, pour une sensibilité contenue à 88 dB et une impédance de 4 ohms.

L’installation

Au risque de ne plus vouloir en repartir, sauf en emmenant avec nous les Borresen X3 dans l’un de nos auditoriums pour en profiter encore pendant de longues heures, nous nous sommes trouvés limités pour l’occasion par le temps comme par le poids de 55 kg par pièce, et avons dû aller découvrir la paire de danoises chez l’un des revendeurs de la marque, l’auditorium Music Hall dans le 8e arrondissement de Paris. Alliées d’abord à un intégré Chord 2800 MkII, les petites grandes Børresen ont démontré une meilleure adaptation ensuite au McIntosh 8950, sans que nous ayons pu développer encore les tests avec l’un des nombreux intégrés ou couples ampli-préampli Accuphase disponibles dans le magasin. Malgré l’amplification et la source – un DAC McIntosh sur un streamer Aurender –, la rondeur et la touffeur dans le grave des appareils américains se sont vues totalement contrebalancées par les enceintes, d’une tension à même de nous rendre curieux de les coupler une prochaine fois avec des amplificateurs danois, par exemple le nouveau Gryphon Diablo testé en parallèle dans ce même numéro.

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Le son

Nous venons de l’évoquer, la tension est l’une des composantes principales de l’enceinte, en cela qu’elle est tellement rapide qu’elle tend le son pour lui offrir une grande dynamique, sans la moindre notion de dureté. Au contraire, qu’il s’agisse du tweeter à ruban, développé sur la base de ce que Michael Børresen avait déjà longuement amélioré en fondant Raidho, ou qu’il s’agisse des haut-parleurs de médium/grave et de grave, tout se montre toujours très clair et très aéré, d’une parfaite fluidité.

Superbement timbré, l’aigu rapide prend moins de dominance que sur les Z2 (test VUmètre n°37 ; Remarquable) et s’intègre parfaitement aux autres parties du spectre, avec une linéarité dans la coupure de fréquence impossible à remarquer, là où c’est parfois le problème lorsque cette technologie à ruban est utilisée par d’autres constructeurs. Seulement à volume très élevé, quelques vibrations commencent à se faire sentir de la part de cet élément, mais cette vérification n’est faite que pour repousser les limites à un volume sonore totalement anormal, jamais atteint en conditions habituelles d’écoute. Avec le médium et les basses, les notions de timbres neutres et de grande clarté ainsi que de rapidité du son restent tout aussi évidentes, pour une audition très agréable des musiques de jazz ou de rock des années 1970. Avec Pléïades de Xenakis par les Percussions de Strasbourg et plus particulièrement sur le morceau « Peaux », la scène sonore parfaitement recréée et pleine d’air permet d’identifier tous les types de tambours et tams-tams, portés par un rendu des graves très tendu à chaque coup de baguette. Sans surjouer la précision, la sonorité offre systématiquement de grandes respirations, dont on est sûr qu’elles auraient encore pu s’étendre dans une salle plus ouverte que notre auditorium de test.

Sur Fidelio de Beethoven (version Bernstein live, DG), une petite saturation des éléments dans les grandes parties chorales et orchestrales est d’abord apparue, mais nous l’avons partiellement corrigée en passant de Tidal à Qobuz, le fichier Hi-Res de cette plateforme étant clairement mieux encodé et mieux diffusé, avec pour résultat de redonner du relief à l’image et de faire respirer davantage la scène sonore. Cela nous a fait comprendre qu’une source encore plus affinée aurait permis de mieux replacer les éléments, par exemple avec un Dac plus neutre ou une platine Kuzma ou Brinkmann. Le fait de nous balader autour des enceintes a également permis de démontrer qu’elles ne sont pas hyper-directives et qu’on peut donc parfaitement en profiter à plusieurs dans une grande pièce, sans avoir besoin d’être en plein milieu du triangle d’écoute. En dernière audition, Kendrick Lamar et son « Bitch, Don’t Kill My Vibe » a mis en avant la justesse de précision des membranes et du ruban, notamment des sons aigus et des effets de percussion électroniques, sans que le grave ne semble jamais bloquer dans le ferme caisson, pour au contraire se sentir libre de déployer toute son énergie.

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Notre conclusion

Deuxième modèle de la marque danoise en commençant par le bas en termes de tarif, les X3 sont déjà de véritables Børresen, sans aucune limite de qualité tant dans la conception que le rendu sonore. Impressionnantes dans tous les registres et tous les styles musicaux, ces grandes enceintes 30 fois moins chères que les versions les plus ultimes du concepteur, ont su bénéficier des deux décennies d’expérience de Michael Børresen, ainsi que des nombreux modèles fabriqués par lui en amont pour Raidho puis pour les séries M, 0 et Z. Encore abordables pour tout passionné de haute-fidélité si l’on se décide à consacrer un budget conséquent à son système, les Borresen X3 offrent une porte d’entrée dans le paradis sonore avec un son typique du nord de l’Europe, dans les pays où l’hiver impose de se réchauffer de longues heures sans sortir de chez soi, en profitant au maximum de chaque minute de musique.

Fiche technique : BORRESEN X3

  • Origine : Danemark
  • Prix : 10 000 €
  • Dimensions : 1290 x 345 x 607 mm
  • Poids : 55 kg
  • Réponse en fréquence : 35 Hz-50 kHz
  • Sensibilité : 88 dB ; 1 W
  • Impédance : 4 ohms
  • Finition : Noir ou blanc piano laqué

Paru dans VUMETRE n° 50

VUMETRE N°50

VUMETRE N°50

Plage de prix : 7,00 € à 10,00 € TTC

Novembre – décembre 2024 Version papier : 10 € (frais de port inclus) / Version digitale : 7 € Outre le plaisir de découvrir les nouveautés liées à votre passion et l’activité de l’industrie audio, nous vous proposons deux formats :

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