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DALI Kore

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Cela fait bien longtemps que le constructeur danois ne nous avait pas proposé un produit aussi ambitieux au sommet de son catalogue. Pourtant, Dali nous avait habitués à de prestigieuses réalisations il y a fort longtemps, comme la série Skyline. Avec la Kore, la boucle est bouclée. Il s’agit d’un véritable tour de force, d’un délire d’ingénieur, susceptible de marquer tant les esprits que notre système auditif.

Dali nous présente ici un produit de très haut de gamme. Cette famille d’équipements, directement issue des idées d’ingénieurs fous, ne laisse place à aucun compromis et met en œuvre les solutions technologiques les plus extrêmes… quoi qu’il en coûte. 

Néanmoins, si la plupart des marques possèdent un produit phare, véritable vitrine technologique de leur savoir-faire, Dali, bien que proposant très régulièrement de remarquables productions, ne disposait jusqu’à présent pas d’un tel ambassadeur. De plus, la Kore constitue un excellent terrain d’expérimentation pour quantifier finement l’apport de chaque nouvelle innovation technologique afin d’en faire bénéficier les autres productions de la marque. En effet, lors de sa conception, les ingénieurs de Dali ont souhaité repartir d’une feuille blanche et opter pour chacun de ses éléments – des haut-parleurs à l’ébénisterie en passant par les filtres – pour des solutions n’ayant jusqu’ici jamais été explorées.  

DES CHARGES ACOUSTIQUES ADAPTÉES À CHAQUE SECTION
L’architecture générale de la Kore reste néanmoins assez conventionnelle. Elle se base sur une structure quatre voies. Cependant, contrairement à ce qui est le cas dans la plupart des enceintes, son volume interne ne se compose pas d’une unique cavité dédiée à la charge acoustique de la section basses. Ici, excellence oblige, ce vaste volume interne est subdivisé en plusieurs cavités afin d’associer à chaque haut-parleur une charge acoustique optimisée. Ainsi, pour la restitution du grave, chacun des woofers possède sa propre charge acoustique. D’un volume de 72 litres, ces charges sont décompressées par des évents tubulaires incurvés débouchant au dos de l’enceinte derrière un jeu de grilles élégantes.

UN CIRCUIT MAGNÉTIQUE BASÉ SUR UN NOUVEAU COMPOSANT
Les woofers, pour leur part, ont également été spécifiquement conçus pour la Kore. Dotés d’une membrane de 30 cm de diamètre, ils sont le fruit des recherches les plus récentes. Comme de tradition chez la marque, leur production se fait en interne. On retrouve donc l’utilisation massive de la fibre de bois, véritable signature de Dali. Leur moteur a été intégralement repensé. Celui-ci se base sur un nouveau matériau magnétique, baptisé SCM, pour Soft Magnetic Compound, de dernière génération, encore plus efficace que celui mis en œuvre sur les versions antérieures de haut-parleurs. Qui plus est, l’équipage mobile de ces nouveaux woofers se dote d’une double bobine au diamètre impressionnant. Une configuration baptisée Balanced Drive. De plus, afin de les maintenir parfaitement dans l’axe de l’entrefer du circuit magnétique même lors des débattements les plus extrêmes, en plus de sa large suspension périphérique, cet équipage mobile est maintenu en place par un double speeder. Des choix technologiques qui permettent de réduire encore le taux de distorsion de la section grave de la Kore.

NAISSANCE DU PREMIER MÉDIUM SIGNÉ DALI
La restitution du médium est confiée à un haut-parleur de 178 mm de diamètre associé à une charge close. Contrairement à l’équipage mobile des woofers, celui du haut-parleur de médium est conçu pour fonctionner exclusivement avec de très faibles débattements. Un choix qui offre la possibilité de lui adjoindre un excellent rendement associé à une grande rapidité. Ici encore, sa membrane fait très largement appel à la fibre de bois. Précisons que c’est la première fois que Dali conçoit un haut-parleur spécifiquement dédié à la restitution du médium. Il prend la main à partir de 400 Hz, environ, pour la passer à la section aigüe aux alentours de 4 kHz.

TWEETER À DÔME ET SUPER-TWEETER À RUBAN
La restitution de l’aigu, enfin, monopolise à elle seule deux sections. La première couvre la plage de fréquences comprise entre 2 kHz et 12 kHz environ. Elle se base sur un tweeter doté d’un très large dôme en soie tissée. Doté d’un diamètre de 35 mm, il offre à la restitution une large dispersion spatiale, ce qui réduit très fortement la directivité des Kore et élargit sensiblement la zone d’écoute optimale de l’installation. Par ailleurs, ce diamètre important offre au tweeter une excellent tenue dans le haut-médium, même en présence de dynamiques marquées. La transition entre cette première section de restitution de l’aigu et celle dédiée au médium se fait donc en douceur et devient imperceptible à l’écoute.

UNE PARFAITE MAÎTRISE DES TWEETERS À RUBAN
Pour prolonger la réponse en fréquence des Kore au-delà des 12 kHz qu’assure la première section de reproduction de l’aigu, un tweeter à ruban prend le relais. 

Il prolonge la réponse de la Kore dans l’extrême aigu jusqu’à 34 kHz. Rappelons que si la maîtrise du comportement des tweeters à ruban est délicate, Dali dispose d’un savoir-faire indéniable dans ce domaine. Depuis de longues années déjà, la marque équipe un grand nombre de ses enceintes haut de gamme de ce type de tweeter avec succès. Ici encore, il s’agit d’un modèle spécifiquement pensé et fabriqué pour répondre aux plus strictes exigences de la Kore. De type magnétostatique, son ruban se dote d’une surface de 10 x 55 mm. 

En étendant la réponse en fréquence de la Kore très au-delà du spectre audible dans l’aigu, il offre à l’écoute beaucoup de transparence et de limpidité. 

Enfin, même les composants électroniques dédiés à la réalisation des filtres associés à chaque section de la Kore sont issus de sources hautement qualitatives. Ils sont triés un par un pour en contrôler l’excellence. Autant de points qui font de la Kore la vitrine technologique de la marque danoise. 

L’UTILISATION
Nous avons eu l’opportunité d’écouter ces grandes colonnes à trois reprises au sein de trois systèmes différents. Nous avons donc une idée assez précise de leur fonctionnement mais également du type d’environnement qui leur convient le mieux. Commençons par la pièce, que l’on choisira spacieuse, car les Kore ont besoin d’air pour respirer et comme leur grave descend très bas de façon particulièrement contrôlée, l’importante longueur d’onde qui en résulte impose un recul significatif de la position de l’auditeur. Envisagez 50 m² a minima. Lors de leur sortie officielle, les Kore étaient alimentées par quatre blocs NAD M23. Force est de constater que cela était malheureusement un peu court. Non pas que les M23 aient démérité (ce sont d’excellents amplis), mais les Kore sont bien plus gourmandes que ce que les NAD sont capables de leur fournir. Notre dernière écoute a eu lieu à Paris chez Elecson en compagnie d’électroniques MBL. Nous tenons d’ailleurs à remercier chaleureusement Alain et Fred pour leur gentillesse et leur disponibilité. Avec les blocs monophoniques MBL N15 et leurs 560 W sous 4 ohms, les Kore sont beaucoup plus à l’aise et nous ont gratifiés d’une performance merveilleuse. Pourtant, on sent bien qu’elles peuvent aller encore un peu plus loin. Pour notre goût personnel nous irions jusqu’à deux 9008, si l’on souhaite rester chez MBL. Mais l’on pourrait choisir quelques autres magnifiques références comme les Accuphase A300, entre autres. Enfin, dernier petit conseil : n’hésitez pas à bicâbler. Si le concepteur s’est donné la peine de proposer cette fonctionnalité, c’est pour que l’utilisateur en profite. Si vous ne le faites pas, c’est comme si vous n’étiez pas allés au bout du concept. Les meilleurs straps du marché ne remplaceront jamais un vrai bicâblage.

LE SON
Installez-vous confortablement, éteignez votre téléphone et apprêtez-vous à vivre un moment d’émotion musicale de grande envergure. Car avec les Kore, on voit la vie en grand. Le début de l’expérience sonore est aisé. Ces enceintes rendent la perception de la musique enregistrée extrêmement facile. On s’assoit, on se détend, et l’on est tout de suite immergé dans la bulle sonore. Aucun besoin d’un quelconque préalable : le plaisir est instantané. Les Kore déploient d’emblée un magnifique arsenal de séduction. La bande passante est non seulement très large (ce qui est la moindre des choses compte tenu des prétentions de cette enceinte) mais également reproduite avec une homogénéité phénoménale. Le registre aigu est très doux, jamais brillant ni artificiel, même quand on va le chercher pour le pousser dans ses retranchements. Le grave est très profond et propre. L’image est immense. À ce stade, que demander de plus ? Assurément l’on est ici au grand spectacle. La plupart des disques passent avec facilité et naturel. C’est lorsque l’on se concentre davantage que l’on dépasse la pure sensation de plaisir pour scruter les moindres caractéristiques de ce produit. Et là, on réalise l’impressionnante somme de travail que la R&D de Dali a dû fournir pour parvenir à un tel résultat. Car une bande passante aussi large ne s’obtient pas en alignant les haut-parleurs, mais en déterminant avec attention puis en développant les transducteurs les plus adaptés à la tâche. Et si cette bande passante est aussi magistralement fluide, aussi apte à nous faire penser que l’on écouterait presque un large bande, c’est parce que le filtre a fait l’objet d’une étude particulièrement aboutie. Bien sûr, le comportement dynamique est remarquable, mais encore une fois, l’on n’en attend pas moins d’un produit de cette classe. Non, ce qui est véritablement étonnant, c’est l’excellent pouvoir de résolution des Kore, et surtout la manière dont il s’exprime. Cette enceinte facilite considérablement la compréhension de la musique enregistrée. C’est pour cela que tout paraît fluide, évident. C’est l’apanage des meilleurs systèmes que de faciliter la compréhension des mélodies les plus complexes. Comment rendre la musique compliquée limpide et hyper intelligible. En décortiquant, on facilite l’accès au plaisir chez l’auditeur. Résumons-nous : bande passante intersidérale avec un grave physique puissant et incroyablement percussif, une véritable image en trois dimensions qui peut, selon le message musical, être intimiste ou grandiose, un comportement dynamique tout à fait exemplaire et d’autant plus impressionnant qu’il ne cherche jamais à vous bluffer, et pour finir, un pouvoir de résolution qui, s’il n’est pas le meilleur de la création, possède une aptitude unique en son genre à rendre n’importe quel message facile à comprendre et d’une limpidité sans égale. Ce qui forge l’immense potentiel de ces enceintes, ce ne sont pas leurs qualités prises indépendamment mais avant tout l’homogénéité globale dont elles sont capables de faire preuve. Elles sont fantastiques parce qu’elles sont exceptionnellement équilibrées. 

NOTRE CONCLUSION

Nous pourrions nous étendre sur des pages et des pages, mais, en toute sincérité, nous vous conseillons tout simplement d’aller écouter ces enceintes dans de bonnes conditions, pour comprendre à quel point elles sont remarquables. Sur le plan des performances stricto sensu, les Kore n’ont rien à craindre de la plupart de leurs concurrentes, y compris certains modèles beaucoup plus chers. Le plus gros problème que les Kore devront affronter, c’est de dépasser les idées préconçues des acheteurs potentiels qui ont tendance à s’orienter vers les marques exclusives les plus courues, alors qu’en écoute aveugle, elles peuvent les supplanter. Dali devra imposer son nom, comme toutes les marques qui font le grand écart en développant des produits allant du mainstream jusqu’au high end, comme Focal pour ne pas le nommer. Certains audiophiles se tourneront toujours vers les constructeurs ésotériques par désir d’investir dans une marque refuge. Et dans le cas des Kore, ce serait vraiment dommage. Alors oubliez vos préjugés et laissez-leur une chance. Car dans le cadre d’une écoute de qualité au sein d’un système parfaitement mis en œuvre, elles peuvent faire la différence.

FICHE TECHNIQUE

  • Origine : Danemark
  • Prix : 80 000 €
  • Dimensions : 1 950 x 800 x 1 200 mm
  • Poids : 148 kg
  • Charge : Double bass-reflex 72 litres accordés sur 22 Hz
  • Haut-parleurs :
    • 1 x tweeter à ruban 10 x 25 mm, 
    • 1 x tweeter dôme tissus 35 mm, 
    • 1 x médium 178 mm Balance Drive SMC, 
    • 2 x woofer 292 mm Balance Drive SMC
  • Pression acoustique maximale : 118 dB SPL
  • Puissance maximale admissible : 1 000 W
  • Sensibilité : 88 dB
  • Réponse en fréquence : 26 Hz à 34 kHz
  • Fréquences de transition : 390 Hz, 2 100 Hz et 12 000 Hz
  • Impédance nominale : 4 ohms
  • Impédance minimale : 3,2 ohms à 72 Hz

Paru dans VUMETRE n° 48

VUMETRE N°48

7,00 10,00  TTC

Juillet – août 2023 Version papier : 10 € (frais de port inclus) / Version digitale : 7 € Outre le plaisir de découvrir les nouveautés liées à votre passion et l’activité de l’industrie audio, nous vous proposons deux formats :

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